Traduction de Mélanie Fusaro
Pourquoi lui ?
Parce qu’il est sale et juste, tordu et brutal, sans laisser le moindre temps mort à son lecteur. ça tache comme du sang, ou comme la sauce de ton burritos. On t’avait dit de mettre une serviette, aussi.
Non, le polar mexicain n’est pas le nouveau polar suédois. S’il est vrai qu’il existe sans doute de très bons polars suédois (je n’en lis pas, désolée), et de très bons polars mexicains (j’en ai lus quelques uns), celui-ci est une pure merveille. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment un polar, pourquoi vous dis-je ça ? Parce qu’il y a du sang, de la violence, des caïds, des têtes coupées et des chapeaux qu’on essaie de faire porter, des vengeances et des gens qui font peur ? Ce serait aller un peu vite. Imaginons plutôt un mélange subtil de Tarantino et de série B (celles avec un minimum de budget, entendons-nous bien) pour poser l’ambiance. Prenons ensuite une héroïne étrange, à la fois fascinée par Julio, le bad boy par excellence et visiblement bien trempé dans des affaires plus que douteuses vu comment démarre le roman (si votre copain.copine rentrait couvert.e de sang, vous trouveriez ça normal ?), mais pas cruche pour autant. Fernanda n’est pas une de ces héroïnes nunuches qui se trainent aux basques des caïds. Si son homme la fascine, elle fait tout de même preuve d’une certaine autonomie et d’un sang-froid étonnant. Au point de monter à son tour des opérations pas très reluisantes qui vont lui causer quelques soucis…
Rythmé et rapide, ce premier roman casse les codes et clichés du genre, le récit de gangsters latinos / roman noir, en exploitant l’humanité et les paradoxes des personnages. On a souvent lu des histoires de méchant au grand coeur et de gentille tordue, mais c’est bien plus subtil que ça. C’est toute la complexité humaine qui est au coeur de ce roman et qui en met plein les dents. Jusqu’à la dernière ligne.
Où le lire ?
Dans ta voiture volée, avant d’aller faire un mauvais coup puis de retrouver ta blonde et ta bande de mafieux.
A qui l’offrir ?
Au caïd du quartier.
Editions Asphalte