C’est une tendance lourde du moment. Comme une réaction à photoshop et son embellissement artificiel, les photographes s’amusent, au contraire, à distordre et rendre monstrueux les corps sans artifice, juste en jouant avec les attitudes et les angles.
Et ne parlons pas de cette tendance de l’Est asiatique à torturer les corps, à l’image du récent He Yunchang qui s’est ôté lui-même une côte, sans anesthésie, pour la porter en collier.
Yung Cheng Lin est taïwanais et son nom d’artiste est 3cm. Comme beaucoup de ses collègues, il répugne à montrer les visages. Ces corps anonymes sont pris en pleine métamorphose. Comme si la période de fin de civilisation que nous vivons, ne sachant de quoi elle va accoucher, poussait nos corps à devenir cocon. Pour une mort de l’humanité ou la naissance du surhomme nietzschéen, on ne le sait.
Ou peut-être, tout simplement, souffrir pour se sentir vivre. Malmener le corps, pour sortir du mépris de la chair.