On aimerait, parfois, être une petite souris dans les classes de Gabriel Pardon, parce qu’un enseignant qui décrit son amour de l’art comme un amour de « la bande dessinée, enfant déjà, ce monde de bulles et de successions d’images me faisait rêver », doit forcément être un professeur passionnant, jamais complètement départi de la magie des premiers regards. Et en même temps, dans ce trait de fusain, et surtout, cette façon de chercher une mise en scène, un angle, comme s’il posait une caméra, on ressent bien l’influence de l’auteur de BD moderne, comme un Enki Bilal ou un Didier Tarquin. Le lecteur contemporain de bande-dessinée est à la recherche d’un univers dans la narration et d’une planche approchant le storyboard pour l’esthétique. Il suffit de jeter un œil à ses planches de western pour se plonger dans une scène inaugurale d’un Sergio Leone. Mais il faut fouiller encore plus en avant de son travail pour découvrir la diversité de ses univers. Si un style est unique, un rêve est multiple, polymorphe, schizophrène, comme un humain, comme le talent.