Il y a un an nous publions pourquoi Instagram allait remplacer le groupe Condé Nast. On s’est fait immédiatement hurlé dessus. Pourtant notre prédiction vient de se vérifier. A l’occasion de la dernière Fashion Week les favoris des critiques aux défilés masculins à Paris était Comme des Garçons, Rick Owens, Berluti, Junya Watanabe et pourtant, aucun d’entre eux n’a été classé au sommet du classement d’Instagram…
Comme la visibilité a remplacé la créativité, c’est Louis Vuitton (18 millions d’abonnés) forcement qui a raflé la première place suivi par Balmain (7 millions d’abonnés) retournant dans le passé avec une dernière collection sous forme d’une lettre d’amour à la France de Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot (au secours!).
La troisième place revient à Vêtements, une surprise étant donné que leur Instagram est relativement modeste (1,8 million d’abonnés) par opposition aux 3,8 millions de disciples de Balenciaga, qui n’était que quatrième en termes d’interactions.
Et le cinquième place a été donné à Valentino avec ses neuf millions d’abonnés.
Le bourdonnement des médias sociaux entourant Vêtements pourrait avoir eu une incidence face au dévouement des partisans de M. Gvasalia. Avec son idée de mettre en scène ce qu’il appelait un «No-Show» au lieu d’un défilé de mode habituel.
Vous l’aurez compris, tous les labels qui ont échoué à faire du bruit autour d’eux ne doivent pas attendre jusqu’à la saison prochaine pour impressionner le public: Instagram est à prendre très au sérieux 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Et comme nous l’écrivions l’année derniere : Zuckerberg va remplacer Newhouse. Systrom va remplacer Wintour.
Ça n’a l’air de rien, mais c’est en réalité une révolution médiatique.
En moins d’un an, des milliards de capitaux vont passer d’une main à l’autre. Autrement dit, on peut parler d’une nouvelle matrice digitale de propagande.
Tous les spectacles ou évènements digitaux structurés sont aujourd’hui pensées pour être captés par un iPhone utilisant Instagram, propriété de Facebook.
Tous comprennent qu’ils ont été réduits au rang de données numériques. Apple, Facebook et Google contrôlent tout. Et ils garderont la main sur la culture globale dans un futur proche et éloigné.
Le conglomérat hollywoodien, les marques de luxe et les médias de masse (comme Conde Nast) ont très rapidement, plus vite qu’ils ne s’y attendaient, perdu le contrôle de l’agenda de la création culturelle. La Silicon Valley a pris le contrôle total de la production, de la distribution et de la hiérarchie qui constitue la route de notre culture consumériste globale.
Les créateurs, les top models, les blogueurs, les muses, les journalistes et les photographes sont relégués au rang de second rôles ou de figurants.
La plupart des gens assistant à ces spectacles sont de simples décors. Les propriétaires du monde de la mode et leurs exécutants de plus en plus nombreux jouent, comme dans tout bon soap opera, un rôle qui fut vital mais qui vieillit aujourd’hui.
Le jeu saisonnier pour décider quel créateur dessine quelle collection devient une distraction qui s’affaiblit. Le premier rang a remplacé le podium comme lieu où l’action se déroule. La visibilité a remplacé la créativité.
Instagram est donc en train de tuer définitivement Condé Nast. Les budgets des séances photos ne vont plus aux magazines de mode mais aux séances d’IntaShoot et la production des films éditoriaux exclusifs pour les magazines est sur le point de s’arrêter quand on devine par exemple le succès à venir des InstaMiniSeries.
De plus, on se souvient de ce qu’a écrit il y a peu Richard Johnson, l’éditorialiste le plus influent des États-Unis. qui a publié le testament du groupe Condé Nast. Comme il l’écrit très justement, « après des décennies de dépenses faramineuses, la suprématie de Condé Nast arrive à son terme. »
Le propriétaire, Monsieur Newhouse, a tranquillement pris sa retraite l’année dernière. Condé Nast a récemment fermé le magazine Details et remplacé les éditeurs du magazine Allure, et l’éclat glamour a disparu.
« Tout le monde est sur le départ avec tous ces licenciements et ces fermetures », a déclaré un employé. «De plus, travailler chez Condé est passé. »
Vogue (édité par Condé Nast) est toujours plus grand que le Harper’s Bazaar, mais ce ringard de Hearst a annoncé des profits records à venir – et le lancement probable d’un magazine imprimé en 2016.
« Comme Icare, Condé Nast a volé trop haut, trop longtemps », a déclaré Michael Gross, qui couvre cette rivalité dans « Focus: Le secret, sexy, parfois sordide du monde des photographes de mode. »
Les rédacteurs de Condé Nast logés au Ritz pour la Fashion Week de Paris, c’est bientôt fini. Hearst a les meilleurs avantages maintenant.
Comme, l’immobilier par exemple, qui fait également partie de l’équation. La Hearst Tower est un gratte-ciel étincelant de Norman Foster érigé sur le dessus d’un bâtiment en pierre de 6 étages et classé monument historique parce que commandé par William Randolph Hearst en 1928.
Condé Nast a eu pour siège social pendant un an le World Trade Center, après avoir quitté Times Square et sa cafétéria conçue par Frank Gehry. Aujourd’hui, chez Vogue ils vivent (et ce n’est pas une blague) avec des invasions de rats.
«Je ne peux pas imaginer ces rédactrices de mode se promener là-bas dans leur Louboutins », a déclaré un autre employé…
Vous l’aurez compris, la défaite de Condé Nast par la Silicon Valley est devenu inéluctable.
2016, est-elle le début de la première dynastie des datas. Les dynasties originaires ont duré plus de 3000 ans. Selon Evan Sharp le monde est déjà sur MODE SILENCIEUX (il a déclaré : «La mode doit arrêter et reconnaître à quel point elle est armée pour faire face au triomphe de l’image sur la parole.»). Les jeunes du monde libre doivent construire une stratégie de réalité immédiatement ou bien se reléguer à une vie de silence intellectuel.
Malheureusement, des milliards de personnes sont sous le contrôle et sont les esclaves numériques de la Silicon Valley. Ces temps sont sombres et dangereux pour la jeunesse du monde. La compréhension du monde la mode commence avec les Japonais dans les années 1990 puis avec la jeunesse chinoise et la jeunesse sud-coréenne. Ces sociétés ont été structurées par l’Autoritarisme de sorte qu’il était très naturel de contrôler les esprits et les émotions de la jeunesse de l’Asie par le biais de la propagande incessante des pratiques et des méthodes du monde de la mode.
La nouvelle ère de la propagande du monde de la mode est conduite par une invasion culturelle de l’Europe de l’Est que Steve Oklyn a également mise en lumière et analysée sous le titre SOVIET BLOC.
Steve Oklyn estime que le monde de la mode sera sous le contrôle total de la Silicon Valley des Rois de l’image en Septembre 2016.
Le nouveau centre social de la puissance de l’image sera contrôlé par le promoteur immobilier et collectionneur d’art contemporain Aby Rosen. Lorsque l’ancien restaurant Four Seasons à New York aura ouvert en Septembre 2016 sous leur nouveau nom, Steve Oklyn a prédit que Condé Nast tombera comme un empire d’image.
Ici sont censés être les 100 investisseurs des nouvelles chambres du pouvoir. Si cette liste de noms était rendue publique à la jeunesse du monde, elle connaitrait ses nouveaux maîtres. Quelles sont les chances que les nouveaux rois de la Silicon Valley soient sur cette liste.
Nous avons le sentiment que Derek Blasberg, Dasha Zhukova, Jony Ive, Kevin Systrom, Evan Spiegel, Eva Chen, Paul Deneve, Vito Schnabel, Angela Ahrendts, et l’ironiquement appelée Natalie Massenet seront tous assis avec la conviction qu’ils sont les nouveaux prescripteurs des règles de l’art, du design et du style du 21ème siècle…