Elon Musk a présenté les dernières avancées dans le développement de Neuralink, son projet de création d’une interface cerveau ordinateur utilisant des capteurs capables de lire nos pensées qui seraient implantées en « cousant » des fils microscopiques dans nos cerveaux. Le fantasque milliardaire promet de « guérir » l’autisme, mais certains scientifiques y voient plutôt le « suicide » de l’esprit humain.
À la recherche du cyborg
D’après ce que nous avons pu apprendre, les travaux actuels de Neuralink, le nom du projet, se concentrent sur le « cordon neural », un système de stimulation du cerveau à l’aide de petites électrodes qui pourrait être utilisées à la fois comme interface et comme stimulateur cognitif.
Bien que nous en parlions tous, il n’en est qu’à un stade très précoce de développement. La première étape logique est de démontrer son potentiel avec des maladies comme l’épilepsie ou les dépressions majeures, mais surtout avec des maladies neurodégénératives sévères comme le Parkinson et l’Alzheimer. C’est le domaine le plus étudié et celui où il a le plus de potentiel de donner des résultats à « court terme ».
Si tout se passe bien, « l’amélioration cognitive » sera, comme l’a expliqué Elon Musk lui-même, la prochaine étape. Les déclarations dans lesquelles il affirmait que « soit les humains fusionnent avec les machines, soit l’intelligence artificielle nous rendra inutiles », apparaissent désormais comme la feuille de route vers une intégration entre le cerveau humain et l’intelligence artificielle. Quelque chose qui a obsédé le fondateur de Tesla.
Neuralink peut-il tenir ses promesses ?
Musk a tenté d’expliquer les manières possibles dont Neuralink pourrait avoir un impact positif sur le monde, mais l’inclusion de l’autisme comme « maladie » a suscité la controverse. Le Centre américain de contrôle des maladies ne le considère pas comme une maladie, mais comme un trouble du développement qui peut entraîner des répercussions sur la vie sociale et la communication ainsi que des problèmes de comportement. Le consensus au sein de la communauté médicale est qu’il doit être abordé comme faisant partie de l’identité d’une personne et non comme un problème à « régler ».
Pour plusieurs professeurs d’histoire de la médecine et de bioéthique aux États-Unis et au Canada, les objectifs déclarés de l’entreprise sont un problème. Ils ont écrit et publié leurs doutes également sur les futurs profits commerciaux de Neuralink.
Un esprit équipé d’une IA est-il encore un esprit ?
Malgré ses efforts pour mettre en avant les « impacts positifs » de Neuralink, certaines voix affirment que Musk ne sait pas ce qu’il fait. Rappelons qu’au-delà des promesses concernant les maladies mentales et la possibilité de faciliter notre interaction avec les ordinateurs, les plans à long terme de Musk pour Neuralink sont motivés par le principe « si vous ne pouvez pas battre votre ennemi, rejoignez-le », qui vise à empêcher notre espèce d’être dépassée par l’IA à l’avenir. Pour Elon Musk, le danger est la concentration du pouvoir par l’intelligence artificielle qui pourrait conduire les humains à l’état d’animaux de compagnie. Susan Schneider, professeure de sciences cognitives, directrice du groupe de recherche IA, esprit et société à l’université du Connecticut, estime qu’il encourage la propagation des idées transhumanistes qui prétendent que, avec une copie numérique de nos schémas cérébraux et de nos souvenirs, le cerveau ne serait plus que superflu et jetable.
Cela pourrait conduire, selon Schneider, à un suicide rapide (en éliminant le cerveau biologique) ou à un suicide lent (en remplaçant des parties spécifiques du cerveau par des composants de l’IA, jusqu’à ce que l’IA prenne le contrôle du cerveau et que l’esprit humain finisse par cesser d’exister).