« Si je proposais un jeu consistant à montrer dix personnes dans un avion en perdition, équipé de seulement neuf parachutes, je trouverais des candidats » affirmait il y a quelques années John de Mol, apôtre de la « télé-réalité ». A l’heure donc du voyeurisme généralisé une question reste posée sur toutes les lèvres : « Jusqu’où peut aller la télé? » .C’est justement à cette question que va tenter de répondre le documentaire choc de Christophe Nick …Confirmant une information de «Libération», France 2 a reconnu samedi qu’elle diffusera «avant la fin 2009» ce reportage sur les dangers de la télé-réalité, dans lequel sera reproduite une expérience américaine montrant qu’un individu ordinaire est prêt, sur ordre, à infliger des secousses électriques à un autre. Cela nous ramène non pas dans le 1984 Orwellien mais en 1982 où le réalisateur Yves Boisset mettait en image une société futuriste (adapté du roman Running Man de Stephen King), dans son film « le prix du danger ». Titre utilisé pour le nouveau jeu d’une chaine de télévision ou un homme devait rejoindre un lieu secret en évitant cinq hommes venus pour le tuer. S’il réussissait, il empochait alors beaucoup d’argent, mais François Jacquemard, nouveau participant, réalisa très vite que le jeu était truqué…Le suicide en direct n’est alors pas encore au gout du jour mais les barrières d’une certaine morale viennent d’être franchies. Explication :
Le documentaire polémique, dont le tournage s’est achevé le 24 avril, s’appuie sur une expérience effectuée aux Etats-Unis, de 1960 à 1963, par le psychologue américain Stanley Milgram. Dans cette expérience, un individu était fermement invité par le responsable du laboratoire à infliger à une autre personne des secousses électriques. Elles devenaient de plus en plus fortes lorsque ce dernier fournissait de mauvaises réponses à ses questions. En réalité, aucun choc électrique n’était infligé, mais le cobaye l’ignorait. L’expérience avait montré que 62,5% des sujets n’hésitaient pas à infliger la décharge maximum. Cette expérience a été justement mise en scène dans le film I comme Icare d’Henri Verneuil, version fictive de Stanley Milgram, qui présente son expérience au personnage principal joué par Yves Montand :
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Christophe Nick a simplement transposé l’expérience de Milgram sous forme de jeu télévisé pour son documentaire baptisé « La zone Xtrême », selon Libération, tout en gardant l’esprit des émissions de télé-réalité. L’objectif est de montrer le pouvoir d’autorité d’un animateur. Ce dernier peut pousser un candidat à commettre de supposés actes de tortures. Ainsi le candidat qui est le questionneur, pense infliger jusqu’à 480 volts de décharge si l’autre candidat ne répond pas à la question. La présentatrice, le candidat électrocuté sont en fait des comédiens. En revanche le questionneur est un véritable candidat qui pensait participer à une nouvelle émission. La télévision ne représente alors pas le reflet de ceux qui la font, ni de ceux qui la regardent comme on le pensait, mais plutôt de ceux qui y participent.
« L’univers de la violence réelle a quitté le champ du JT pour investir celui du divertissement, affirme Nick qui désir démontrer que la télé peut faire faire n’importe quoi. » N’importe comment. On ne peut alors s’empêcher de repenser à la parole visionnaire d’Orson Welles : « Je hais la télévision. Je la hais autant que les cacahuètes. Mais je ne peux m’arrêter de manger des cacahuètes. » Tout est dit, sauf peut être que la télévision a en tout cas ceci de bon : moins les programmes sont pour eux, plus les enfants sont sages.