Il est rare qu’on nous présente un groupe en disant qu’il adore faire de la promo, c’est une accroche publicitaire ou c’est vrai ?
On prend plus de plaisir à faire des promos où les questions nous touchent plus. Si on nous parle de nos paroles, de notre musique et qu’on sent que l’interlocuteur a vraiment compris ce qu’on essaie de partager et qu’il veut aller plus loin encore, c’est cool.
Mais sinon, comme on aime rencontrer des gens nouveaux et boire des cafés en terrasse, on a aucune raison de ne pas aimer la promo…
Larry Clark, qui a eu un coup de cœur pour vous en vous écoutant, vous a fait venir à Marfa dans sa maison pour tourner votre clip, vous pensez quoi du résultat final ?
Larry n’habite pas à Marfa, il louait une maison.
À part ça, le résultat est très classique, plutôt anti-esthétique et je trouve ça assez marrant comme parti-pris, après avoir été en Inde dans un pays où toute image est un plan de film.
Là, on était au fin fond du Texas et on a fait un clip tout ce qu’il y a de plus basique.
Il faut l’interpréter comme une espèce de message par rapport au titre et aux paroles de la chanson Got to belong. Je pense que Larry a très bien compris où nous voulions en venir, c’est quelqu’un qui aime observer les relations entre personnes et ne pas y ajouter d’artifice. On est au pays du pétrole, du dollars, du film, et on fait un objet minimaliste pour que les gens se concentrent sur ce qui est vraiment important, c’est à dire la chanson, et ce qu’elle dit.
On sait que Larry Clark est attiré par les jeunes groupes, vous êtes cependant très loin du groupe qui apparaît dans Wassup Rockers, qui sonne beaucoup plus punk, plus brut. Est ce que vous pensez qu’il s agit vraiment d’un coup de cœur ou plutôt d une rencontre ? Qu’est-ce qui, selon vous, a pu séduire Larry Clark au point qu’il se projette dans votre univers ?
C’est marrant mais en fait on est bien plus proche d’eux que ce qu’on pensait. John Velasquez, avec qui on s’est lié d’amitié là-bas, a d’ailleurs participé au tournage en filmant quelques plans.
On jouait tous les mêmes chansons, on a tous écouté les mêmes groupes de punks, on a tous fait du skate et on a tous une vision assez ouverte de la musique et du monde.
Ils sont à Paris avec son groupe « This is not revolt » en ce moment et on a eu le plaisir de leur montrer quelques bars locaux -entre autre- … Pour de ce qui est de Larry Clarke et pourquoi il a fait ce clip, je pense que seul lui sait pourquoi il fait ce qu’il fait !
On vous a vu en Inde dans un clip où on sent l’inspiration du Darjeeling Limited de Wes Anderson. Maintenant Larry Clark et une approche à priori moins colorée, moins onirique sur le papier. Est-ce qu’on peut parler d’un virage dans le son et l’image ? Ou était-ce une occasion qui ne se refuse pas et vous vous êtes adaptés ?
Etant donné que tous les morceaux ont été enregistrés, composés, structurés selon un même thème et pendant la même période, il n’y a pas eu de virage. Cependant, c’est vrai que le son de Got to belong est bien plus mainstream, on veut essayer de donner une porte d’entrée à ceux qui veulent peut-être écouter ce qu’on fait, faire un pas vers eux, pour qu’ils en fassent un vers nous. Après, la constante dans tout ça c’est toujours nous, nos paroles et notre musique.
Vous êtes cinéphiles ? Est ce que ça pèse dans votre processus de composition onirique ?
La vue est surement le sens le plus utilisé, surtout à notre siècle où l’image prend un rôle de plus en plus important pour chaque personne. Nous aimons tout moyen qui sert à véhiculer une idée et le cinéma le fait très bien, quand il le fait.
Nous nous sentons inspirés par toute forme d’art, toute construction, toute création, qu’elle serve à quelque chose ou à rien. Bien que la beauté du geste est d’autant plus admirable quand cela ne sert à rien, là ce n’est plus de l’art mais de la poésie ou de la performance !
Vous avez inventé une pop synthétique très colorée, est-ce que ça vous convient comme définition ?
Pop synthétique ce dit Synth pop en anglais, par rapport au fait qu’on utilise beaucoup de clavier. En français, le réel sens de ce terme se perd un peu, on voit un objet plastique, et vide. Donc plutôt synth pop pour nous. Pour ce qui est des couleurs, on aime l’exotisme !
Vous êtes beaux, à la mode, vous chantez bien, ça fait quoi de pouvoir draguer n’importe quelle fille ?
Merci de ne pas avoir utilisé le terme qui se finit en -er inspiré d’une fameuse marque de chips, que nous ne tenons pas a prononcer. Blague à part, on essaie d’être des mecs respectueux peu importe le sexe de la personne à qui on parle. Et on est pas trop dans le jeu, mais plutôt dans le partage. Par contre, si en soirée une amie veut jouer de la guitare avant nous, on se devra de la lui donner… Galanterie française oblige !
Et pour ne pas parler que de vous, quel est le clip, l’album et le concert qui vous ont le plus marqués cette année ?
Je pense qu’on a tous beaucoup aimé l’album de Connan Mockassin qui s’intitule Caramel. Pour ce qui est du concert, Unknown Mortal Orchestra au Point FMR C’était super, big up à Jeph Lahe qui nous a fait découvrir ce groupe en live. Niveau clip, on aime bien le dernier Jonti – Nightshift in blue, qui va à l’encontre du goût. Et à l’heure où les enfants de la forêts sont rois, il est bon de laisser la mauvaise herbe pousser.