Pourquoi lui ?
Parce qu’Olivier Moulin tape sur l’époque (société abjecte, bien-pensance, exploitation techno-marchande) avec un humour acide et déconcertant. Et aussi parce qu’on se demande si il ne serait pas devenu, discrètement, l’écrivain le plus hilarant de France ?
Tout commence par une gigantesque nuit d’ivresse. Pierre, journaliste pour le magazine Santé pour tous, boit un coup avec un collègue après s’être rendu à une conférence de presse. De plus en plus ivres, ils défilent de bar en bar et leur groupe s’agrandit. Entre Fanfan, grand dépressif, Ollier, alcoolique désabusé, Bassefosse, critique d’art sur le carreau, et Pierre, lui-même enclin à la folie douce, la bande va vivre des aventures absurdes et délirantes. Ces pérégrinations, qui oscillent entre farce rabelaisienne et parodie du milieu mondain et littéraire parisien, offrent aussi une réflexion existentielle et lucide, aux antipodes du politiquement correct, sur notre société trop policée. À l’instar d’un Michel Audiard ou d’un Frédéric Dard, Olivier Maulin n’a pas son pareil pour parler de son temps en dézinguant à tout va, avec la plus grande humanité. Un véritable rugissement littéraire.
Où le lire ?
En cellule de dégrisement ou plus simplement juste avant un apéro arrosé.
Le passage à retenir par cœur ?
Contents de bouffer de la merde de cheval surgelée! Ravis de s’empoisonner de raviolis aux os broyés, nerfs et tendons! Guillerets de préparer des purées en flocons! Éplucher une patate? Plus le temps! Trop de boulot! (…) J’abandonne mes enfants tous les jours à des nourrices inconnues, (…) je donne du poison à mon bébé, mais je suis bien plus épanouie qu’au treizième siècle (…)!
A qui l’offrir ?
Aux amateurs de Fréderic Dard et de Louis-Ferdinand Céline.
«Gueule de bois», Olivier Maulin, Editions Denoël, (2014)