Pourquoi lui ?
Parce qu’il y a tout au Moyen-Orient. L’argent, l’énergie, la religion, l’histoire, la culture… Tout ce qu’il faut pour en faire le centre de la grande pièce de théâtre mondiale dans laquelle nous sommes tous engagés.
En moins de 300 pages les deux grands reporters nous dressent un tableau magnifiquement simple de toutes les ramifications qui partent de cette région. On y retrouve une édifiante carte postale de la bassesse de nos politiques. Des couloirs du palais Bourbon, le livre nous transporte dans les méandres de la géopolitiques internationales. Là où économie et retours d’ascenseurs pèsent plus que les convictions démocratiques.
Chesnot et Malbrunot n’oubliant pas de nous plonger dans le jeu des familles princières, un Dallas à taille inhumaine.
Tout ce petit monde étant frappé par la crise pétrolière et gérant son argent, désormais, comme une supérette traversant un morne été.
En fait, pour faire simple, c’est le livre à lire pour comprendre notre monde. Et anticiper celui de demain.
Où le lire ?
Devant n’importe quel discours d’hommes et femmes politiques. Le livre agit comme un sous-texte.
Incipit.
La scène se passe en 2007 à l’hôtel Hilton de Djeddah, le grand port de l’Arabie Saoudite sur la mer Rouge.
Le passage à retenir par cœur.
S’il y a un député dont l’ambassadeur du Qatar se montre particulièrement lassé, c’est Nicolas Bays, élu socialiste du Nord-Pas-de-Calais. membre du groupe d’amitié France-Qatar, il était proche de l’ancien ambassadeur Mohammed al-Kuwari. Avec son successeur, Bays ne fait pas dans la dentelle. Il a personnellement envoyé un SMS à Meshaal al-Thani, dont un témoin nous a rapporté le contenu : « J’ai des problèmes financiers actuellement. la mère de notre jeune enfant est fatiguée. Je voudrais l’emmener à l’étranger. Mais mon budget est un peu serré. peux-tu me faire inviter dans un hôtel de Doha et nous payer un billet d’avion sur Qatar Airways ? Cela m’aiderait, s’il te plaît. »
« Bonjour Nicolas, lui a répondu en français l’ambassadeur du Qatar. J’espère que la mère de ton enfant va mieux. Je suis désolé, le Qatar ne paie pas de vacances aux gens, même à moi, l’ambassadeur… » Et il ajoute, sarcastique ! « Je t’invite à regarder sur le site de Qatar Airways, la compagnie fait des promotions en ce moment. »
Loin d’être découragé par ce refus, le député Bays a sollicité à deux reprises encore, par SMS, l’ambassadeur du Qatar. Une première fois, pour lui demander de l’argent afin de payer des travaux dans sa maison. Le diplomate n’a pas répondu. Enfin, il n’a pas hésité à lui réclamer des chaussures de marque.
À qui l’offrir ?
À Laurent Fabius qui s’est fourvoyé pendant quatre ans.
Nos très chers émirs, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, éd. Michel Lafon, 293 p., 17,95 €