Pourquoi lui ?
Parce que Günther Anders a tout vu avant tout le monde. De la 3D, au do-it-yourself et surout comment le Web a fait de nous des «ermites de masse» dont les loisirs consistent à travailler, à domicile, à notre propre «dé-privatisation».
Cet espion du futur a bien avant Guy Debord analysé que l’humanité était périmée depuis 1945. Année de la découverte d’Auschwitz et des bombes d’Hiroshima et de Nagasaki.
Selon lui, nous ne maîtrisons plus rien, de la déréalisation du monde à la déshumanisation du quotidien en passant par la marchandisation générale.
Cet élève d’Heidegger qui fut le premier mari de la philosophe Hannah Arendt a eu comme ami intime rien de moins que Bertolt Brecht, Walter Benjamin ou encore Theodor Adorno. Accordez lui, comme eux, votre intérêt, vous ne serez pas déçus…
Où le lire ?
A Hiroshima ou à Auschwitz.
Le passage à retenir par cœur ?
« C’est donc par rapport à ce nouveau modèle qu’il faut considérer le désir que nourrit l’homme d’aujourd’hui de devenir un self-made man, un produit : s’il veut se fabriquer lui-même, ce n’est pas parce qu’il ne supporte plus rien qu’il n’ait fabriqué lui-même, mais parce qu’il refuse d’être quelque chose qui n’a pas été fabriqué; ce n’est pas parce qu’il s’indigne d’avoir été fabriqué par d’autres (Dieu, des divinités, la Nature), mais parce qu’il n’est pas fabriqué du tout et que, n’ayant pas été fabriqué, il est de ce fait inférieur à ses produits. »
A qui l’offrir ?
A Donald Trump, cela va de soi…
L’OBSOLESCENCE DE L’HOMME (DIE ANTIQUIERTHEIT DES MENSCHEN). TOME II. SUR LA DESTRUCTION DE LA VIE À L’ÉPOQUE DE LA TROISIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE de Günther Anders. Traduit de l’allemand par Christophe David. Ed. Fario, 430 p., 30 €.