Vous le pensiez obsolète ? Pourtant le bobo n’a jamais été aussi présent. Il est de toutes les joutes politiques, de toutes les brèves de comptoir et de magazine, que l’on devise carte scolaire, terrorisme du bio, prix de l’immobilier ou causes de la montée de l’extrême droite.
Que recouvre ce néologisme ridicule, assemblage new-yorkais de deux mots français ? Une construction médiatique rejetée par la plupart des sociologues. Un travailleur social au SMIC tout autant qu’un patron de start-up. Mais surtout, un bouc émissaire idéal. En ces temps de bobobashing, il faudrait être sacrément téméraire pour se revendiquer afi cionado de la Courgette solidaire.
Pourtant, selon Laure Watrin et Thomas Legrand, eux-mêmes bobos, il est grand temps de réhabiliter ce pauvre hère. Car il est le promoteur des modes urbains de demain. Alors oui, il frôle parfois la caricature, vacille sans (presque) aucun scrupule entre un hédonisme individualiste et des élans de faiseur de lien social. Mais il redynamise le vivre-ensemble tout en restant connecté au monde. Il tente de concilier des contraires et de s’adapter dans une société morcelée… En ce sens, le bobo est l’un des fers de lance de la république du XXIe siècle. En déclinant ses engagements et ses marottes, ce livre s’engage non seulement à clarifi er son identité, mais aussi à redorer son blason.
La République bobo, par Laure Watrin et Thomas Legrand (Stock, 268 pages, 19 euros)