Pourquoi lui ?
Pour comprendre ce que veut dire le verbe vieillir. Et pour découvrir l’arrogance mégalomaniaque et la suffisance néandertalienne que cache cet « éditeur » derrière un verbe faussement pompeux, à l’image du critique littéraire qu’il a été, à savoir, totalement vain.
Lui qui pourtant aime tant tenir les rênes de ce petit milieu auto-centré qu’est Saint-Germain-des-Prés. Lui, qui aurait tant aimé être BHL, et qui ne sera au final que son nègre à temps partiel.
Lui, qui simplement, aurait aimé être un écrivain, et qui ne sera finalement que critique littéraire.
Lui, qui pensait finir de son vivant dans la Pléiade, et qui au final est obligé de s’éditer lui-même dans sa propre maison d’édition.
Lui, qui se rêvait en immortel et qui au final ne va pas tarder à y passer. Tels sont les rêves des snobs qui pensent faire l’histoire mais qui en réalité n’amusent qu’une poignée de gens fortunés qui ont besoin de courtisans au verbe fleuri pour leur faire passer le temps.
Il a cru qu’il était une extension de Marcel Proust, constamment à la recherche du temps perdu, mais non, il n’en était rien. Aujourd’hui, avec l’âge, les vérités se dévoilent, et face à tant de vanités égo-centrées, il fallait bien lâcher le mot ici, il ne fut au mieux, qu’un garçon de joie. Et son livre en est la preuve.
D’ailleurs, à le lire, on ne sait pas bien ce qu’est vraiment ce Jean-Paul Enthoven ? Un mondain boiteux ? Un arriviste à la dérive ? Un dandy en toc ? Peut-être rien de tout cela. En même temps il faut toujours se méfier des éditeurs qui s’auto-publient. Se pense t-il au-dessus des lois littéraires ? Est-il vraiment comme il le pense au dessus de tout ? A-t-il oublié qu’en plus du travail, il faut du talent, pour être écrivain ?
En même temps, qu’il est bon, quand on est une jeune femme, de voir un monde sentant la naphtaline tomber comme un château de carte. Quand le pouvoir s’évapore page après page. Quand il ne vous reste plus rien à vendre à part vos vieux papiers, vos vieux souvenirs, vos vieilles conquêtes…
Où le lire ?
Difficile de répondre à cette question. Pour être honnête, ce livre nous a été offert par l’éditeur, en même temps, heureusement parce que payer 24€ pour lire de vielles chroniques poussiéreuses, sans idées ni nouveautés, c’est un peu cher l’écœurement. Donc, où le lire ? Et bien dans une poubelle peut-être.
L’incipit ?
« J’avais à peine…plus de vingt ans quand un hebdomadaire de renom publia mon premier texte de critique littéraire. »
Le passage à retenir ?
« Ce volume n’aura été, pour moi, qu’une façon de ressusciter, avec ma jeunesse, une époque que j’ai aimée et qui s’achève. »
A qui l’offrir ?
A toutes les jeunes femmes pour les dégouter de coucher avec des vieux de ce type.
A tous les jeunes hommes pour qu’ils voient que la concurrence est inexistante.
Et à tous les jeunes journalistes littéraires pour leur montrer ce qui n’est plus à faire.
Jean-Paul Enthoven, « Saisons de papier » Grasset, 640 p., 24 euros