Pourquoi lui ?
De quelques amoureux des livres que la littérature fascinait, qui aspiraient à devenir écrivain mais en furent empêcher par diverses raisons qui tenaient aux circonstances, au siècle de leur naissance, à leur caractère, faiblesse, orgueil, lâcheté, mollesse, bravoure, ou bien encore au hasard qui de la vie fait son jouet & entre les mains duquel nous ne sommes que de menues créatures, vulnérables & chagrines. Oui, c’est le titre en entier. Et soyons clair, c’est le meilleur titre de l’histoire de la littérature, dépassant même Cioran et son parfait De l’inconvénient d’être né.
Un écrivain n’a jamais été un artiste comme les autres. Certes, depuis peu, la majorité des gens savent lire et écrire, mais comme avec les chamans, les écrivains gardent une aura magique, quasi cosmogonique. Oui, « au commencement était le verbe ».
Philippe Claudel énumère toutes les déviances possibles induites par la passion de la littérature.
Sans aucun doute, l’un des petits bijoux de l’année.
Où le lire ?
Dans le bureau de Jean-Paul Enthoven, en caleçon, les pieds sur la table, en attendant son retour.
Incipit.
Il y eut ainsi, depuis des siècles, vivant dans une opaque et insoupçonnable solitude, des créatures qui pensaient que ce qui sourdait de leur cerveau et se traduisait en un assemblage de mots pouvait à l’humanité servir.
Le passage à retenir par cœur ?
Car rien jamais ne change l’homme. Rien ne remodèle la pâte dont il est fait, pour une fois et pour toujours. L’Histoire n’existe pas. Le temps n’est qu’une illusion qui est l’autre nom de l’espoir. Car il en faut bien un. Sinon quoi ? Mais comment dire cela à l’enfant quand il s’avance dans l’âge de comprendre. Nous sommes les dépositaires de l’éternel mensonge. Nous le prolongeons.
À qui l’offrir ?
À votre ami(e) qui collectionne les lettres de refus des maisons d’édition. Donc, offrez le vous.
De quelques amoureux des livres, Philippe Claudel, éd. Finitude, 113 p., 13,50 €