Résumé de « Correspondance Paul Morand avec Jacques Chardonne t.1 »
« Nos lettres pourraient être publiées, en l’an 2000, sous le titre Après nous le déluge, non ? » :
Cette citation donne le ton de cette correspondance entre deux charmants vieux monstres, Morand et Chardonne, observant avec amusement les débuts des petits monstres que furent pour eux Sagan, Nimier et consorts.
Les deux hommes ont correspondu pendant près de vingt ans, à partir de 1949, et se sont échangés jusqu’à trois à quatre lettres par semaine : au total, près de 5 000 pages, dont la quasi-totalité sera présentée au public en trois volumes successifs.
Le premier volume couvre les années 1949 à 1960. C’est véritablement à partir de 1955 que Paul Morand et Jacques Chardonne prennent leur rythme de croisière, après s’être étudié pendant ces quelques années où tous deux étaient confrontés au silence et au rejet consécutifs à leurs choix politiques pendant la guerre.
Cette correspondance est le lieu d’une formidable opposition de styles et de caractères : le cosmopolitisme de Morand face au microcosme de Chardonne, le flamboyant baroque face au classicisme lumineux, la vitesse face à la concision. Tous deux partagent le sens de l’adjectif, de la précision et de l’observation, le goût pour la formule et un humour mordant et sans concession. Le lecteur devra affronter quelques sorties nourries par les préjugés de l’époque et une éducation bourgeoise, par le snobisme de Morand ou la sévérité de Chardonne, et surtout par leur volonté farouche de s’exprimer librement.
Cette correspondance permet au lecteur d’entrer dans l’intimité d’une conversation et de parcourir avec eux le siècle, à la recherche d’un temps perdu et dans l’attente de la postérité.
Edition de Philippe Delpuech
Paul Morand, Jacques Chardonne, Correspondance, tome 1, 1949-1960, édition établie et annotée par Philippe Delpuech, préface de Michel Déon, de l’Académie française, 1158 p., 46,50 euros.