Pourquoi lui ?
Pour 90% de la population mondiale, Hitler est un monstre. LE monstre. Le symbole du mal absolu. Une sorte de fornication entre Monsanto, Satan et Gengis Khan.
Et c’est aussi ce que pourrait, ce que devrait, penser Sebastian Haffner, lui qui a fuit son Allemagne natale en 1938, horrifié par le nazisme. Oui, mais voilà, Herr Haffner n’est pas un historien comme les autres. Dans son domaine, il est considéré comme un marginal, parce qu’il pense que l’Histoire n’est pas seulement le fruit des circonstances, que de temps en temps, quelques personnalités influencent le court de l’Histoire. Et que, donc, oui, l’historien doit parfois se changer en psychologue pour comprendre une époque.
Oubliez vos cours d’histoire, jamais vous n’aurez aussi bien compris la Seconde Guerre mondiale.
Où le lire ?
En cours d’histoire. Ou au meeting de Marine Le Pen (mais là, vous pouvez aussi lire Pif Gadget, n’importe quoi, tant que vous n’écoutez pas).
Incipit.
« Le père d’Adolf Hitler était un gagneur. »
Le passage à retenir par cœur.
« On sera peut-être tenté d’objecter qu’une vie privée vide et insignifiante n’est pas rare chez des hommes qui se consacrent entièrement au grand but que leur volonté s’est donné et qui ont l’ambition de marquer une date dans l’histoire. C’est une erreur. On citera quatre hommes avec lesquels il s’impose, pour des raisons différentes, de comparer Hitler, mais face auxquels il ne soutient pas la comparaison : Napoléon, Bismarck, Lénine et Mao. aucun d’entre eux, pas même Napoléon, n’a finalement connu un échec aussi terrible qu’Hitler ; c’est principalement pour cela qu’Hitler ne soutient pas la comparaison, mais cette raison peut être laissée de côté ici. Ce qu’il faut surtout souligner, c’est qu’aucun d’entre eux n’a été aussi exclusivement politicien qu’Hitler, et une telle nullité dans tous les autres domaines. tous quatre étaient extrêmement cultivés et avaient fait leurs preuves dans un métier avant d’entrer « en politique » et dans l’histoire : général, diplomate, avocat, professeur. Ils furent mariés tous les quatre, et Lénine le seul à ne pas avoir d’enfants. Ils connurent tous le grand amour : Joséphine de Beauharnais, Katharina Orloff, Inessa Armand, Jiang Quing. C’est ce la qui rend ces grands hommes humains ; sans cette plénitude humaine il manquerait quelque chose à leur grandeur. Quelque chose qui manque à Hitler. »
À qui l’offrir ?
Aux néonazis, à vos amis Allemands, parce qu’on y dit beaucoup de bien de l’Allemagne. Et à BHL, parce que ça ne pas lui faire de mal de lire.
Considérations sur Hitler, Sebastian Haffner, éd. Perrin, 17,90 €, 214 p.