La mode ce n’est pas seulement le champagne, l’accent de Karl Lagerfeld, les robes hors de prix à usage unique, l’absence glaçante de sourire d’Anna Wintour, les mannequins sous alimentés et les dérapages de John Galliano. Enfin, paraît-il. C’est en tout cas ce qu’est bien déterminé à prouvé Shoot Me Fashion, un projet de court métrage tendant à renouveler l’image de l’univers de la mode. Et on commence avec un triptyque.
La naissance de 4 mannequins sortant de boîtes tout en poésie, telles des Jack in the box sous Prozac. D’abord, ce film d’Ozer est beau, magnifiquement soutenu par le piano de Jean-Sébastien Bach. Mais surtout, il appelle à une lecture au second degré. Ces jeunes femmes qui s’extirpent d’une boîte comme un veau de sa mère, c’est la naissance de l’être humain manufacturé, de la plastique féminine devenue objet. Nées de rien, pour rien et laissées épuisées, presque pour morte. Drôle de goût dans la bouche que laisse ce film.
« The Cure »
Beaucoup moins subversif cette fois et même carrément corporate, la mode dans ce court est présentée comme une cure au mal être. On y voit une jeune femme sublime nue, souffrir sur un lit d’hôpital sommaire et seules les injections du bon docteur semblent la rétablir. Des injections magiques, puisqu’à chaque prise, la nymphe se retrouve habillée d’une nouvelle couche de vêtement. A quand la mode remboursée par la Sécu ?
« Wanted »
Ce dernier film tourne en ridicule la dictature de la beauté unique, de la taille mannequin. Quand une troupe de musiciens de cirque découvre que sa musique fait apparaître des femmes (si, si, on a essayé ça marche), il ne s’arrête que quand il trouve bustière à leur goût. L’élue de leur cœur n’est peut-être pas la votre, mais comme le soulignait le To Kalon de Voltaire, chaque beauté trouvera son cœur. La mode serait donc faite pour tout le monde. Ouf, on peut jeter abdo-élec.