La lecture est-elle en train de disparaître dans notre pays ? Les chiffres récents du Centre national du livre (CNL), publiés le 8 avril 2025 dans la sixième édition de son baromètre bisannuel « Les Français et la lecture » (Les Français et la lecture en 2025), révèlent une tendance inquiétante.
Imaginez un instant que nous soyons le 25 mai 2025. L’intelligence artificielle (IA) ne se contente plus d’être un outil périphérique : elle s’invite au cœur même de la santé mentale, redessinant les contours du métier de psychologue.
Aujourd’hui, alors que nous sommes le 25 mai 2025, il est temps de lever le voile sur des scandales qui, bien que partiellement documentés, restent largement ignorés par le grand public et les médias traditionnels.
Ils sont certainement l’ADN du rap français. Premier groupe à assurer son indépendance. Premier groupe de rap à faire l’Olympia. Double disque d’or à chaque album. Assassin c’est le hip-hop hexagonal avec des lyrics qui volent plus haut que la plupart des discours politiques actuels de nos élus. Un rap engagé, comme tous les rappeurs débutants. Sauf que trente ans plus tard, rien n’a changé. Au contraire, Rockin’ Squat est encore plus virulent. Peut-être que lui n’a pas changé et que le monde autour de lui a empiré. Peut-être que la contestation sans ego ne fait plus partie de notre grille de lecture. Peut-être que les vrais messages se perdent dans le flux incessant de l’infotainment. Ou peut-être que rien a changé. Rencontre avec un homme de 47 ans qui a révolutionné la culture française de la fin du XXème siècle, l’air de rien et qui continue de parcourir le monde pour le comprendre.
Dans le rap, avoir du succès et rester authentique est particulièrement difficile. Vous êtes l’un des seuls. Quelle est la recette, si c’est volontaire ?
Merci à vous, je prends ça comme un compliment. Cela s’appelle la Formule secrète, ça ne s’explique pas, c’est un travail assidu de plus de 25 ans, au sein de l’Académie Mythique, tout un programme.
Assassin, l’un des premiers groupes de rap en France. Premier groupe à donner un concert à l’Olympia. Premier à monter son propre label. Défricher, c’est ce qui vous plaît, ou ce ne sont que des coïncidences ?
Quand j’ai commencé dans ce pays, nous n’avions pas d’autres choix que de se prendre en main avec l’état d’esprit qu’on avait. Moi aussi j’ai signé un contrat d’artiste en 1991 avec une major, j’aurais pu faire en sorte de rester dans cette position et faire ma carrière pépère, ne rien dire à part obéir au bon vouloir des maisons de disques et divertir la populace. Mais je suis venu au monde pour bien d’autres raisons, il y a des êtres humains que l’on ne dompte pas. L’industrie quand elle m’a vu arriver avec mon nom de famille bankable (Mathias Cassel – nom de scène qu’utilise toute la famille Crochon – est le fils de Jean-Pierre Cassel, frère fde Vincent Cassel et demi-frère de Cécile Cassel,ndlr) à cru qu’elle était tombé sur une énième poule aux œufs d’or, mais les gens ne connaissaient pas 1 % de mon vécu et de mon parcours et la découverte avec la personne que j’étais en a surpris plus d’un… À Babylone il est très rare de croiser des animaux sauvages en liberté, ils ont été servis ! (Rire)
Selon votre bio, vous débutez le rap à 11 ans, avant ça, vous taguiez, donc on peut dire que vous avez toujours baigné dans le hip-hop. Comme vous êtes issu d’une famille d’artistes, qui ne correspond pas aux clichés habituels, pouvez-vous nous expliquer ce que le hip-hop permet d’exprimer que les autres formes d’art n’ont pas ?
Pour moi toute forme de création permet d’exprimer ce qu’on a au fond de soi. Que tu sois peintre, boulanger, fleuriste, acteur, chanteur, cordonnier, auteur, couturier ou je ne sais quel métier issu de l’artisanat, si tu le tournes de façon artistique, il y aura une part de toi là-dedans. Le hip-hop est un mouvement qui était, quand j’étais adolescent, le mouvement dans lequel nous nous sommes tous retrouvés. Si j’étais né à une autre époque ou à un autre endroit, cela aurait pu être autre chose. Je pense que quand un artiste est libre dans sa création ce n’est pas une question de courant ou de mouvement qui lui permet de s’exprimer et de s’épanouir, c’est surtout lié à sa personne, son intelligence et son insolence à briser les stéréotypes et les barrières dans lequel il trouve le monde au moment où il arrive.
Aujourd’hui, les rappeurs sont dans une course à la street credibility. Vous n’avez jamais eu ce souci ?
Hier aussi, si tu écoutes certains des textes de Éric B & Rakim, Kool G Rap, NWA, South Central Cartel, Tim Dog, Too Short… Il y avait aussi de ça. Le rap vient des ghettos et la voix du ghetto n’est pas que politique, elle est aussi et surtout la réalité de la vie de ses rues. Et dans les rues les plus obscures de notre globe, les histoires sont sombres. La misère, la prison, l’exclusion, l’échec scolaire, la drogue, la prostitution, le chômage, les meurtres… sont aussi des réalités. Personnellement je n’ai jamais rejeté le rap de rue, le gangsta rap, le rap de pimp qui parle de ça, surtout quand artistiquement c’est bien fait. Ne cherchons pas à vouloir absolument faire que le rap soit positif, la vie ne l’est pas et cette musique est le reflet de la réalité de la vie qui se passe sur cette planète, il y a de tout et il y aura toujours de tout !
J’ai 35 ans et mes premières prises de conscience politique je les ai eues avec les albums d’Assassin. Tous les albums ont été deux fois disques d’or. Est-ce que la jeunesse des 90’s était plus politisée ou est-ce qu’on a juste abandonné le message politique aujourd’hui ?
Je pense que la jeunesse est toujours très politisée à travers le monde, quand on voit les différentes manifestations en Amérique latine, l’envie de changement au Moyen-Orient, la jeunesse sur le continent africain, le chaos que vit l’Europe en ce moment. La réalité n’est pas celle que veulent nous montrer les médias, sortez dans la rue, discutez avec les gens, retournez dans les endroits publics, lâchez vos ordinateurs, participez aux débats qui se font ici et là, entrez dans les expositions. Vous verrez que les gens ne sont pas qu’idiots comme on veut nous les montrer mais qu’il y a encore de vrais militants sur le terrain qui font bouger les choses.
Finalement, avec des paroles politiques, une démarche 100 % indépendante, votre parcours rappelle plus celui des punks. Un mouvement qui vous parle ?
C’est un mouvement artistique que j’ai analysé à un moment sans rentrer dedans car c’était avant que j’apparaisse dans le paysage musical. Le mouvement punk comme beaucoup d’autres c’est pris en mains car il n’avait pas le choix de faire autrement. L’indépendance pour beaucoup, nous y compris, fut une obligation. Quand tu ne veux pas faire le gentil toutou pour faire plaisir à l’industrie, tu n’as pas 36.000 solutions, tu te prends en main, tu t’autoproduits, tu fais des concerts et tu vends tes disques. Aujourd’hui tous nos produits, disques, livres, merchandising se trouvent sur notre site, c’est là qu’on nous achète. Nous ne sommes plus dans les bacs. De toute façon à l’ère du Bitcoin et de l’Ether toutes les règles volent en éclats…
Un mot sur l’album annoncé d’Assassin ? Il tourne finalement à la guerre juridique avec l’industrie musicale ?
Toute ma carrière tourne à la guerre juridique. Depuis mes débuts l’industrie ne m’aime pas car je discute mes contrats et je connais bien le droit. En plus de ça je suis autodidacte, je n’ai aucune formation d’avocat et pourtant j’en connais autant que ceux qui travaillent pour les plus grosses multinationales. Pas mal d’artistes connus font appellent à mes services pour dealer leur contrat sans que personne ne le sache. Pour faire court, depuis 2012, quand Universal à racheter EMI (label avec lequel ma production Livin’Astro avait signé un deal de distribution depuis 2004) puis revendu le catalogue Parlophone entre autres à Warner, ils ont mis dans leur clause de rachat plusieurs centaines de noms d’artistes dont le mien et celui d’Assassin pour qu’ils ne puissent pas signer avec la maison de disques qui les avait revendus, une clause de sécurité en quelque sorte. Sauf qu’à la différence de tous les autres artistes, je suis le seul de cette liste à être propriétaire de tous mes masters à 100% et mon contrat de distribution s’est fini en 2012 justement. Ce qui veut dire que je n’ai rien à faire dans cette liste, qui plus est, n’a pas été communiquée aux artistes en question, tout ça sous la supervision de la commission Européenne, un vrai panier de crabes. J’ai découvert toute cette mascarade par une erreur du juridique d’Universal, je n’aurai jamais dû être informé. Quand Def Jam a voulu me signer fin 2014, nous nous sommes rendu compte que je ne pouvais pas, car j’étais dans la liste noire des artistes que le groupe Universal ne pouvait pas signer. Warner de son côté, ne voulant pas débloquer sa position sur mon cas, malgré le cas de jurisprudence que je représentais, s’est rangé aux côtés d’Universal pour que cette situation perdure. Aujourd’hui, je suis bloqué jusqu’en 2022 pour sortir le moindre disque sur plus de 65% du marché. Ce n’est pas un blocage à 100% mais imaginez un artisan boulanger qui veut distribuer son pain et qui a 65% du réseau de distribution bloqué pour des raisons qui ne le concernent pas. Les matons de l’industrie du disque et les pontes de leur milieu carcéral du code-barres veulent que je reste sur le côté pour encore des années. C’est la peine qu’ils me mettent par rapport à la liberté de ma carrière que j’ai menée depuis toutes ces années et qu’ils n’ont jamais digérée. La mondialisation n’est là que pour tuer l’artisanat et imposer l’hégémonie des grands réseaux de distribution. Ce n’est pas lié qu’à la musique, tous les corps de métier sont concernés. Nous sommes en guerre et elle est loin d’être gagnée.
On a du vous en parler mille fois, mais votre passage à Canal Plus est devenu anthologique. Contre l’avis de la production, vous entamez France à fric, qui dénonce la politique africaine post coloniale de la France. Un moment d’autant plus jouissif qu’on sent une jubilation dans l’oeil de votre frère qui est sur le plateau à ce moment là. Deux choses : d’abord, qu’elles ont été les retombées pour vous ? Ensuite, comment expliquez-vous que le sujet soit encore tellement tabou ?
Les retombées, on les connaît, on ne m’a pas revu à la télé publique française depuis ce jour. Pour le côté plus politique, il suffit d’écouter les chefs d’État français parler de l’Afrique pour comprendre que c’est leur caverne d’Ali Baba. L’Europe, depuis la colonisation, exploite l’Afrique, la décolonisation n’a rien changé à ça. Un exemple parmi tant d’autres : la décolonisation africaine avec la France n’a été possible pour les pays concernés qu’en signant l’impôt colonial pour les « avantages » de l’esclavage et de la colonisation qui consiste à mettre 85% de leurs réserves à la banque de France, sous le contrôle du ministère des Finances français. Seul Sékou Touré en Guinée a décidé à l’époque de « préférer la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage ». La décolonisation de son pays a été un chaos qui a fait trembler toutes les autres colonies françaises. Ce n’est pas le seul sujet tabou, aujourd’hui le monde est contrôlé par les rapports financiers frauduleux, les pots-de-vin, les élections truquées, la drogue, la prostitution… C’est comme cela qu’est géré le monde… Bienvenu sur la planète Terre.
Vos projets solos s’intitulent Confession d’un enfant du siècle, le livre de Musset est un livre de chevet pour nous, chez Apar. Comment vous définiriez le 20ème siècle vous ? Et qu’attendez-vous du 21ème ?
Je ne vis que l’instant et j’essaye au quotidien de survivre, les grands discours sur les siècles passés ou les prochains, je les laisse aux politiciens et aux journalistes. Ce que je vois, c’est mon quotidien, où je rencontre des gens magnifiques et magiques et où d’autres sont bien plus sombres, fachos, sexistes ou xénophobes. En d’autres termes ce sont les hommes qui font les siècles et je travaille dur pour que, sur ma période de vie, j’amène ma part pour sauver la planète de la folie incontrôlée de mes semblables.
Qu’est-ce qui vous attire dans le Brésil ?
Ma famille, ça suffit amplement pour devoir et vouloir y rester.
Vous avez créé le festival de ciné Planeta Ginga. Quelles sont vos références cinématographiques ?
Le Planeta Ginga Film Festival est un projet très intéressant. Nous allons faire la 3ème édition, les 3 et 4 décembre prochains. Après les deux premières éditions que nous avons menées à bout par nos propres moyens, avec mon associé Freddy Vitorino, l’équipe Planeta Ginga commence à devenir de plus en plus nombreuse et efficace et notre festival est pris au sérieux. C’est le 1er festival de film et de culture franco-brésilien qui s’installe dans les favelas de Rio de Janeiro. Vous pouvez voir un aperçu de notre travail sur cette vidéo. Lors du prochain concert d’Assassin, le 28 mai, à la Gaîté Lyrique de Paris, nous allons faire une exposition et vendre des photos pour aider le festival. C’est un projet qui demande beaucoup de fonds, car gratuit pour le public et avec le souci d’amener la qualité des plus grands festivals dans les quartiers où l’on s’installe. En ce qui concerne mes références cinématographiques, elles sont aussi vastes que le cinéma l’est. De Soy Cuba de Mikhaïl Kalatozov à Down by law de Jim Jarmusch, Les Temps Modernes de Charlie Chaplin à Citizen Ken de Orson Welles, Les nuits de Cabiria de Fréderico Fellini à Docteur Folamour de Stanley Kubrick, etc, etc, etc…
Pourquoi choisir l’art pour vos combats ? Est-ce l’engagement le plus efficace actuellement ?
L’art a toujours été le baromètre de la liberté des pays, là où il résiste il y a encore de l’espoir.
Vous avez déjà réalisé des clips. Passer à du court ou du long métrage, ça vous tente ?
J’ai plusieurs scénarios sous la main mais c’est un autre métier qui demande énormément d’investissement et de temps que je n’ai pas pour le moment…
Vous avez grandi aux États-Unis, vous êtes revenu en Europe pour Assassin. En solo, vous avez plus travaillé avec des sons africains. Maintenant, le Brésil. Tout ça ressemble à un parcours de retour aux sources. Un quelque chose d’initiatique presque. Vous diriez que vous êtes plus sage aujourd’hui ?
Je suis plus au contrôle de moi-même c’est sur, je le vois au quotidien avec ma famille. J’apprends tous les jours, la façon dont j’ai géré ma carrière est surtout un parcours initiatique sur le chemin de la connaissance. Mon vrai travail est chercheur d’équilibre, tout le reste n’est là que pour arriver à cet état. Rien n’est plus important ou moins important dans ce que je fais, tout est là pour l’équilibre sur le chemin de la connaissance. Celui qui aime à apprendre est bien près du savoir.
Dernière question : vous savez que vous avez l’une des photos wikipedia les plus floue du monde ?
Il n’est jamais facile de photographier l’énergie pure. Looooool
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