Est-ce que les manifestants en Mai 1968 étaient habillés en Gucci ? Est-ce que Jean-Luc Godard portait du Gucci pour filmer les manifestations de 1968 ? La réponse est évidemment non.
Pourtant la marque Gucci vient d’oser l’inénarrable. S’approprier culturellement les manifestations de Mai 68 dans une campagne de communication sans un gramme de pertinence, pour ne pas dire extrêmement grave politiquement et honteuse diplomatiquement.
Ce détournement culturel est l’adoption d’éléments d’une culture minoritaire par les membres d’une culture dominante. C’est une forme de violation des droits collectifs de propriété intellectuelle des cultures minoritaires. A la manière d’une domination coloniale, tous les éléments de la révolution de 1968 ont été copiés et utilisés en dehors de leur contexte culturel d’origine. Tout est ici déformé, si Guy Debord pouvait voir le hashtag #GucciDansLesRues il retournerait immédiatement se suicider.
Pourquoi n’ont-ils pas réutilisé les évènements de Milan en 1969, bien plus puissants et subversifs que les évènements de Mai 1968 en France avec lesquels la marque Gucci n’a rien à voir ni de près ou ni de loin.
Cela ne correspond t-il pas pourtant à l’actuel cycle d’appropriation culturel que la mode affectionne tant ?
Peut-être que le peuple italien qui a su défier les dirigeants de l’époque n’auraient pas vraiment apprécié le clin d’œil venant de Gucci et ses 5 milliards d’euros de ventes annuelles. C’était pourtant un mouvement qui a porté les femmes et les ouvriers non-syndiqués au cœur de la lutte. Si les héritiers de ces combats sont amenés à voir le hashtag et les images de propagande #GucciDansLesRues ils risquent aussi malheureusement tous de vouloir finir comme Guy Debord.
Nous déclarons donc simplement :
FUCK GUCCI
FUCK ALESSANDRO MICHELE
FUCK GLEN LUCHFORD
FUCK CHRISTOPHER SIMMONDS
La Société des Infiltrationnistes
Paris, le 14 Févier 2018