La « TED »? Le citoyen lambda n’en a jamais entendu parler. Pourtant depuis plus de 20 ans, chercheurs, inventeurs et artistes du monde entier viennent présenter leurs dernières trouvailles à cette conférence qui veut changer le monde.
TED pour Technology Entertainement Design, en 18 minutes chrono, concepteurs, créateurs, chercheurs, inventeurs du monde entier, toutes disciplines confondues, viennent pitcher « une idée qui mérite d’être propagée » pour changer le monde devant un parterre de scientifiques, créatifs et businessman .
Plus court qu’une intervention au collège de France, plus long qu’une interview sur un plateau télé. TED est exactement à mi-chemin entre ces deux exercices. Véritable Davos pour créatifs, TED offre des solutions là où les politiques sont réduits aux discours de principe.
Succès mondial et exponentiel. Démarrée il y a 20 ans comme une convention pour happy fews technophiles californiens, TED.com, le site où les conférences sont mises en ligne est en passe de devenir un mass media planétaire, disponible en 40 langues, en utilisant les règles du show business pour faire passer des idées toujours innovantes, parfois révolutionnaires.
« Oasis intellectuelle du business » comme la qualifient ses promoteurs, la TED réunit chercheurs, artistes et tout le gotha des nouvelles technologies qui viennent trouver l’inspiration: c’est là que les logiciels Illustrator et Photoshop, et l’ordinateur à 100 dollars ont été présentés pour la première fois.
TED est donc un florilège d’interventions peu communes: une neurologue vient raconter sa propre attaque cérébrale, un gérontologue pronostique la vie éternelle, une biologiste décrypte la chimie de l’amour, un inventeur explique comment créer de l’air pur dans son appartement…
Certaines présentations ont une vocation plus « humanitaire » (projets d’urbanisme pour les pays en voie de développement, fondation de Bill Clinton pour le paludisme…). « Notre rôle est d’identifier les bonnes idées, d’aider à les financer et à les répandre dans le monde », explique Bruno Giussani, le patron de TED Europe.
Yann Arthus-Bertrand est par exemple venu chercher des soutiens pour son film « Home ».
Mais si la TED veut « changer le monde », elle n’aborde pas les sujets sociaux, économiques ou politiques.
La TED semble en tout cas séduire ceux qui l’ont côtoyée, comme Philippe Stark, qui a été poussé à y aller par son ami le chanteur Peter Gabriel.
« La connaissance, ça peut être sexy. Aujourd’hui la créativité se réduit à nous dire où il faut aller pour consommer », a-t-il expliqué à la presse.
Le designer réfléchit à la création d’un « cirque de l’intelligence qui pourrait remplacer tous ces parcs à thèmes qui rendent con et font consommer ».
Fondation à but non lucratif, la TED, basée à New York, est payée par les sponsors et ses participants. Cette année, elle vient juste de se déplacer à Oxford : « The substance of things not seen » (la substance de l’invisible, de ce qui est caché, qui échappe encore à notre regard), a été le thème de la dernière conférence TED Global .
Bertrand Piccard a parlé d’un avion propulsé à l’énergie solaire et Jonathan Zittrain du futur de l’internet (et de comment le contenir).
Les auteurs Naomi Klein (The Shock Doctrine) et Misha Glenny (McMafia) ont proposé des lectures « non mainstream » de la réalité globale et partageront la scène avec Emmanuel Jal , enfant soldat devenu star du rap.
Le biologiste Eric Sanderson parlera de New York avant New York… en 1609. Une vision reconstituée avec une précision impressionnante.
Même si la TED fonctionne comme une société secrète elle compte répandre ses idées sur le net. « Sur notre site, tous les discours sont sous-titrés en 40 langues », avec 70 millions de visiteurs en 2009, souligne M. Guissani.