Eddy de Pretto fait partie de cette génération qui pense transcender les genres musicaux. Le chanteur qui essaye de faire du « non-genre » un style à part entière risque pourtant de plaire à toutes les ménagères françaises en 2018 (une semaine après sa sortie, le disque se classe numéro 1 des meilleures ventes d’albums devant l’album Vous et moi de l’imposture Julien Doré). Mixant des influences allant de Jacques Brel à Claude Nougaro en passant par Edith Piaf, Frank Ocean, XXX Tentacion, Damso, ou encore Booba et Diam’s.
Celui qui, chez lui, pouvait jouer aux voitures et à Action-Man comme aux poupées tout en chantant sur les Spice-Girls va devenir la nouvelle icône (éphémère) des kids nés au XXIème siècle pour le plus grand plaisir auditif donc de leurs parents.
Normal quand on sait que le petit Eddy s’est entouré des producteurs de Booba, PNL et Gucci Mane qui qui ont su faire passer le post-ado d’une soi-disante avant-garde au « mainstream » avec une stratégie éditoriale finement huilée et un modèle tactique type Stromaé.
Et c’est sans doute pour cela que le journal Libération vient d’expliquer que l’album a été « construit avec la validation d’une « agence de com’ particulièrement cynique et désespérée », tout en résumant l’affaire par une critique d’une violence sans précédent : « l’Eddy (Louis) est un sans-dents gay, roux et fort en gueule, échappé d’une famille abusive et représentant fiérot des faubourgs populaires de la France qui pense tout bas, qui se livre sans complexe dans des scies de variété intense – comme Patrick Fiori ou Juliette Armanet – sur des habillages électroniques qui zonent entre Skyrock l’après-midi et M6 Music. Dans la France de 2018, c’est du sur-mesure pour sortir les publics de scènes de musiques actuelles de la torpeur et faire parler de soi dans les médias terrorisés à l’idée d’écrire sur un rap toujours plus hégémonique chez la jeunesse parce qu’ils n’en écoutent pas. » A vous de juger maintenant…