La Ve République vacille, et l’Élysée tremble. Pavel Durov, le sulfureux patron de Telegram, a décidé de jouer les pyromanes dans le pré carré de la Macronie, et il ne fait pas dans la dentelle.
Le procès de Sean "Diddy" Combs, qui secoue New York en ce mois de mai 2025, est une plongée dans l’horreur, révélant un prédateur qui a bâti un empire de terreur et d’abus sexuels derrière les strass et les projecteurs.
En ce 24 mai 2025, nous nous tenons à un carrefour critique de l’histoire de la France. Les récentes révélations sur l’influence de la Franc-Maçonnerie dans l’État et la justice, culminant avec l’affaire de la loge Athanor, nous contraignent à une prise de conscience collective.
« La théorie se change (…) en force matérielle, dès qu’elle saisit les masses, dès qu’elle argumente ad hominem, et elle argumente ad hominemdès qu’elle devient radicale. Être radical, c’est saisir les choses à la racine, mais la racine, pour l’homme, c’est l’homme lui-même. » Karl Marx, cité dans Coup d’État, manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Dans Crépuscule, paru en 2019, l’auteur avait souhaité rendre « un travail de dévoilement sur les illusions de la démocratie qui existe en France, et la réalité du contrôle sur l’élection qu’exerce un certain nombre d’individus et de forces économiques ». Le deuxième ouvrage, Abattre l’ennemi, édité en 2021, c’était « rompre cette illusion et proposer une alternative, un système politique, qui fonctionnerait de façon saine, avec même un plan détaillé du Paris Révolutionnaire… »
Radicalement nouveau
L’avocat complète : « L’enjeu était d’être cohérent, c’est pourquoi, après avoir dessiné une alternative, j’indique comment l’atteindre, d’où l’importance de ce dernier livre, car dès lors que vous avez conclu que ce système démocratique est vérolé, vous êtes obligé de réfléchir à des actions qui passent par l’extérieur. »
L’auteur est formel : « Ce n’est pas un texte théorique, éthéré, romantique, mais l’exact inverse, très pragmatique et concret. Et ça, je pense que c’est radicalement nouveau, que ça n’a jamais été fait à l’échelle d’un territoire : proposer un manuel insurrectionnel sur une aire donnée qui soit applicable à une époque immédiate. »
Il a mis ici à profit « ces quelques années d’expérience dans les luttes aux côtés de nombreuses personnes qui ont été poursuivies de façon complètement délirante par le pouvoir, blessés, arrêtés arbitrairement… » Mais aussi son travail avec Wikileaks, et ses lectures, entre Technique de coup d’état de Curzio Malaparte, et l’étude « de nombreux auteurs insurrectionnels ou révolutionnaires de tous bords politiques ».
Dans cet ouvrage, Juan Branco et son équipe envisagent les scénarios de l’élection, de la révolution et du coup d’État. Avec les possibilités de réussite ou d’échec, les avantages et les inconvénients, de chacune des options. Ils y arrivent après deux premières parties consacrées à l’analyse de la nature, des contraintes et des conditions d’exercice du pouvoir.
La revanche des gilets jaunes
De premier abord, on se dirait que l’État, malgré parfois des signes extérieurs de faiblesse, n’a jamais été aussi présent dans le quotidien des français, légiférant tous les pans de leurs vies. Pour Juan Branco, c’est l’exact inverse : « L’État sait où sont ses vulnérabilités et la population ne le sait que localement et de manière dispersée. Les syndicats sont une des rares institutions qui ont accès à ce savoir, car ils officient dans tous ses secteurs sensibles. Ils utilisent ce pouvoir pour renforcer leur position de force dans les négociations, et non pour servir l’intérêt général. »
Juan Branco a «pillé ces connaissances pour les redistribuer. Que tous les Français soient au courant de la faisabilité d’un renversement. » L’épisode des gilets jaunes serait une preuve de la possbilité du renversement : « On n’avait pas réfléchi en amont à la possibilité d’un surgissement populaire qui permettrait de provoquer des bascules ; on a eu du mal à y croire nous-même », confie-t-il.
Et d’ajouter : « Intellectuellement, c’est important d’être conséquent. La prochaine fois, il ne faut pas s’arrêter aux portes de l’Élysée, et il ne faut pas y aller pour prendre le pouvoir mais pour le rendre au peuple français. Il est donc nécessaire de créer un système de pensée et des méthodes pratiques qui permettent de s’assurer qu’il y aura une redistribution de celui-ci et qu’on atteindra enfin une forme démocratique beaucoup plus juste à tous les niveaux. »
Nous vivons les prolégomènes d’une guerre. Celle-ci aura une cause unique : la répartition des ressources imposée par la transition de notre modèle économique.
– Coup d’État. Manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Patrice Calatayu. (CC BY-SA 2.0)
Lier action et pensée
Cette faisabilité, Juan Branco la décrit le plus concrètement possible, à l’instar d’une opération militaire, du sabotage des infrastructures vitales, en passant par la prise de contrôle de centres RTE, de postes de haute tension de la RATP, jusqu’aux câbles sous-marins… Créer une désolidarisation des instruments du pouvoir et du gouvernement. Des actions qui doivent s’accompagner « d’une propagande par le fait qui doit prendre la forme d’un terrorisme intellectuel».
La question de la violence, Juan Branco ne l’élude pas, mais y voit un non-sujet : « La politique, c’est la gestion de la conflictualité, donc une politique qui fait naître la violence est dysfonctionnelle. » Il ajoute : « Quand on est dans un rapport de force, il faut assumer la confrontation et se mettre en capacité de ne pas se faire écraser. » Face à la notion de « violence », il favorise les termes de force et d’expression de volonté, et cite l’auteur Jean Genet : « Il n’y a plus violent que la rose qui naît ? »
Il ne faut, en choisissant une telle voie, craindre d’être haï. Car si le corps se saisit, l’âme se séduit. Or le coup d’État privilégie la prise au mot, et il faut une estime de soi importante pour s’indifférer aux regards qui en naîtront.
– Coup d’État. Manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Il tempère néanmoins : « Il n’y a pas d’incitation à la violence, mais à la réduction de son niveau au sein de cette société. Aujourd’hui, elle suscite systématiquement des degrés de virulence ahurissants, notamment au quotidien, qui se répercutent dans les foyers conjugaux etc. »
Des instruments de coagulation
Dans cette optique, « comment on subvertit tout ça, on apaise les âmes, on les libère de ce système de contrainte qui les poussent à la folie, à l’anomie et à la radicalité ? » « Assainir le système politique », et pour ce faire, « faire usage de contrainte vis-à -vis d’un certain nombre d’individus. »
Toujours dans ambition d’être conséquent en nommant autant les choses que les personnes, il s’agit de ne pas se tromper d’ennemis, par exemple de rendre responsable les forces de l’ordre de la situation : « On n’est pas face à des violences policières dans le cadre des contestations, mais des violences politiques, qui sont ordonnées politiquement, et qui utilisent et instrumentalisent les forces de l’ordre pour faire barrage au peuple. »
Il enfonce le clou : « Le petit marquis qui reste dans son palais sans avoir ni tué une mouche ni frappé qui que ce soit, c’est lui le générateur de violence, et c’est lui qui faut contraindre. Olivier Dussopt n’a pas l’air violent, mais lui et les autres produisent de façon massive de la violence parce qu’ils ont choisi d’être en position de pouvoir. Un politicien qui prétendrait ne pas avoir de rapport avec la violence, ne pas être entré en politique, de manière consciente ou inconsciente, pour générer un rapport à la violence, est un hypocrite, un menteur et quelqu’un de dangereux. »
Juan Branco s’attache à définir l’ennemi, mais ne cherche pas d’amis, affirme-t-il : « La radicalité de notre propos fait qu’on se refuse à apporter avec nous qui que ce soit, parce qu’on sait les conséquences que peuvent avoir nos gestes, trop importantes. Je ne cherche pas à coaguler autour de moi, mais à donner des instruments de coagulation. Les gens se rejoignent entre eux, de tout ordre. »
Quels risques judiciaires ?
Il n’y voit en revanche aucun quelconque complot des élites, mais la résultante « d’un système d’intérêt lié, qui s’est coagulé sur des bases inpensées, car il y a un vrai manque d’intelligence de la part de nos dirigeants politiques. Pourtant, beaucoup des personnes qui appartiennent au peuple français pensent, se laissant fasciner par des artifices et des artefacts mis en œuvre à travers un système de communication des médias traditionnels.On est en réalité dans des fonctionnements par à-coup. »
Web Summit (CC BY-SA 2.0)
Il adjoint : « On paye des intellectuels, des journalistes, des hommes de langage pour habiller la mariée, donner une cohérence discursive à ce qui n’est que de banales opérations de pillages, de corruption, de redistribution des ressources, de préservation d’intérêt. La réalité c’est qu’on est face à des gens assez simples, barbares, qui ont un rapport à la pulsionnalité particulièrement développé. »
Il n’y a être plus prostituable au sein de ce système que son petit soldat par excellence, le gardien de la visibilité, le détenteur de ses clefs, en d’autres termes : le journaliste français….
– Coup d’État. Manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Selon lui, la plupart des figures de premier plan n’ont pas conscience « d’avoir un rôle délétère au sein de la société » : « Ils sont pris dans l’illusion d’un système qui les valorise, qui leur permet d’avoir l’impression d’avoir des qualités extraordinaires qui justifient que etc.. Ils sont happés le plus souvent dans le voile qui les trompe eux-mêmes. »
C’est très important, « car ça nous donne l’occasion de perdre une forme de colère et de frustration à leur encontre et d’avoir un sentiment plus analytique et plus froid qui nous rend plus puissants. Il est beaucoup plus facile de déstabiliser un individu quand on connaît, paradoxalement, son innocence ».
Franchir le rubicon
Nommer les personnalités à mettre en prison, et assumer l’utilisation de la force, c’est prendre des risques judiciaires que ne peut ignorer un docteur en droit : « Ce texte mérite les conséquences que ça pourra produire », réagit l’auteur.
Et de continuer : « Je sais déjà qu’il est sur le bureau d’Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, et qu’ils sont en train de décider s’ils m’attaquent directement ou indirectement. Il y a des discussions au plus haut niveau de l’État et la question qui se pose maintenant, c’est quelle est la stratégie qu’ils vont adopter. Mais dès lors que j’ai donné cet instrument, ma personne compte beaucoup moins. En partageant mes connaissances et mon savoir, mon élimination, sociale, physique et autre devient moins importante. »
Déjà Crépuscule avait été signalé par l’actuelle présidente du Groupe Renaissance à l’assemblée, Aurore Bergé, en commission de crimes et délits. Ce risque, c’est justement ce qui explique « pourquoi je tiens autant à ce livre », confie-t-il encore : « C’est la première fois que j’ai un sentiment de conséquence ».
L’avocat annonce : « Je sais qu’ils sont suffisamment bêtes pour s’attaquer soit à l’auteur, soit au texte. Qu’ils commettent cette erreur. On est très confiants et conscients de ce qu’on fait. On a tenté de nous éliminer de différentes façons, donc aujourd’hui on n’est plus dans une inquiétude par rapport à ce pouvoir déliquescent. »
Contre les intellectuels
Dans cette optique frontale où le rapport de force est assumé, Juan Branco met en cause plusieurs personnalités, parmi lesquelles François Bégaudeau, afin d’amener une réflexion sur la figure de l’intellectuel « qui se nourrit du ressentiment, de l’indignation, qui l’alimente à son tour, qui met les termes dessus, mais qui n’a aucune utilité dès lors que les systèmes délibératifs de la démocratie représentative ne fonctionnent plus ».
Il développe : « Il ne fait que son marché sur un système défaillant, et à aucun moment propose de sortie concrète qui doivent prendre des formes opérationnelles. Je remets donc en question le rôle des intellectuels repus qui se nourrissent de la dysfonction. Des médias comme Mediapart, qui n’ont que pour fonction de se repaître du scandale et de l’alimenter. Ils vont comme des trafiquants d’information profiter des querelles de chapelle pour créer, susciter des sentiments et des ressentiments. Pour les pousser à consommer des contenus, et en conséquence, les maintenir dans un état de passivité qui n’est pas productif d’effets systémiques, mais qui ne fait qu’accumuler des transformations à l’intérieur du système lui-même. »
Face à cette approche inopérante, il propose celle du sulfureux Piotr Pavlenski, connu en France pour avoir révélé la sextape d’ « un des hauts représentants de la Macronie », Benjamin Griveaux : « C’est intéressant à quel point il a indigné la sphère politique, bourgeoise, y compris de gauche. Une véritable bombe, l’équivalent d’un instrument de guerre au sein d’une société qui a fait de la protection de l’intimité de ses puissants et des asymétries de rapport de force, ses piliers. »
La révolution, pour quoi faire ?
Et d’ajouter : « J’ai trouvé ça fascinant, parce qu’il y avait une efficacité politique. Lui a fait tomber un ministre, a déstabilisé un pouvoir, a assumé un risque extraordinaire que personne n’a pris. Est-ce qu’on est d’accord ou pas avec l’éthique de la méthode, de la même façon qu’on n’était abstraitement pas en accord avec le geste du colonel Fabien, je le comprends parfaitement. Mais la méthode en politique c’est aussi le résultat, et la capacité, dans ce rapport de force, de produire des effets. »
En définitive, pourquoi changer de régime, d’élite politique, de système ? Pour mettre quoi à la place ? Juan Branco se complairait-il dans une romantisation de l’horizontalité et de cette notion de « peuple » ? « Je réponds que je suis un vrai démocrate. Si on ne se paye pas de mot, la démocratie, c’est le pouvoir au peuple. Ce n’est pas l’idéaliser ou non, mais l’immense majorité des citoyens aujourd’hui est dépourvue de prise sur le fonctionnement politique de notre pays, sur les décisions et là où doivent aller les ressources, comment doivent être organisés les services publics etc. »
Nos exigences sont simples. Services publics, démocratie directe, redistribution, sécurité, honneur, justice, dignité, liberté. Souveraineté.
– Coup d’État. Manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Refonder l’existant
En creux, à partir de ce constat, Juan Branco soumet une réflexion existentielle dans son ouvrage : « L’état de délabrement psychique de la société française, le niveau de solitude et de souffrance qui a enfanté la dévastation de cette société est immense. Le remplacement de structures traditionnelles par le marché le siècle dernier, l’absence de recréation de structure communautaire alternative qui permettrait de ne pas se sentir abandonné, seul. L’exploitation atroce de situation comme la vieillesse, rompre complètement tous les liens familiaux pour en faire un produit de rentabilité… Tout ça est nécessairement ravageur. »
Il en est convaincu : « C’est à partir de ces réalités qu’on doit penser un nouveau régime politique qui essaye d’améliorer l’existant. »
Et d’enrichir son propos : « La question de la répartition des ressources doit être regardée non pas d’un point de vue idéologique comme le fait malheureusement trop souvent la gauche, c’est-à-dire en faire une problématique de justice abstraite, mais en ce que ça engendre dans le lien, dans le rapport des uns aux autres, et dans la capacité à vivre. L’argent c’est un moyen pour se lier à son prochain, pour toucher à l’amour, à l’épanouissement intellectuel, social, érotique… Et c’est de là qu’il faut partir pour régénérer cette société, et non à partir d’idéaux abstraits. »
Patrice Calatayu. (CC BY-SA 2.0)
Un amour brisé
Juan Branco en appelle à traverser les systèmes idéologiques pour se concentrer sur l’intérêt général : « Si on commence à entrer de nouveau dans une querelle partisane, on est foutu », assure-t-il. Ce qui ne l’empêche pas de s’attaquer à ceux qu’il désigne comme des « faux prophètes» : Mélenchon, Zemmour…
« Il y a un niveau de tolérance qui peut exister à l’égard de personnalité, parce que le pouvoir a conscience qu’ils ne sont pas nocifs, et au contraire, permettent d’entretenir l’illusion démocratique. C’est très important de le pointer pour ne pas tomber dans le piège, et qu’ils ne divertissent pas les énergies sociales et révolutionnaires qui peuvent être en branle dans ce pays. »
À la fin de son manuel insurrectionnel, Juan Branco se livre plus intimement, révélant les motivations profondes de son engagement : « Ils ont essayé de me détruire, c’est très clair, de m’éliminer socialement, physiquement, amoureusement, de démolir ce qui était ma force, ma capacité à aimer, à m’allier à l’autre… Ils ne se rendent pas compte de l’erreur qu’ils ont commise. Une tentative de dévastation impardonnable. C’est comme quand vous cherchez à tuer quelqu’un, soit vous y arrivez, soit vous êtes foutu, et là ils sont foutus. » Il évoque un amour brisé par cet engagement.
En novembre 2021, Juan Branco a été mis en examen pour viol. Ce dernier affirme que la relation était consentie, et parle d’un coup monté.
La chaleur partout manqua. Cette chaleur qui jusque là m’avait empourpré, me donnant cet air enfantin qui soudain me quittait. Alors, la lutte. La mort ou la lutte, pour retrouver cette âme et cet amour échoués.
– Coup d’État. Manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Politologue franco-américaine, spécialiste de la société américaine et des relations franco-américaines. Mon travail et mes personnages sont considérés comme des antidotes aux algorithmes. Je veux déc
La Ve République vacille, et l’Élysée tremble. Pavel Durov, le sulfureux patron de Telegram, a décidé de jouer les pyromanes dans le pré carré de la Macronie, et il ne fait pas dans la dentelle.
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