Tiens, prends-toi ça dans la gueule : l’Homme fluide. Le dernier gadget conceptuel des cerveaux malades qui squattent les tours vitrées de Bruxelles. Pas un homme, pas une femme, pas même un fantôme – juste une flaque, une pâte à modeler humaine qu’on triture jusqu’à ce qu’elle ne ressemble plus à rien. C’est ça, leur grand rêve européen : un citoyen qui glisse comme une anguille, qui s’étire comme un chewing-gum mâché, un truc sans os, sans tripes, sans feu. Bienvenue dans le cauchemar mouillé des élites, où l’Homme nouveau n’est qu’un avatar flasque prêt à se faire reprogrammer au moindre bip d’un algorithme.
Ils te le vendent comme une révolution, un ticket pour le futur. L’Homme fluide, c’est leur créature, leur golem 2.0, sculpté dans la glaise numérique et les délires d’un continent qui ne sait plus qui il est. Exit les vieilles balises – t’es un mec, une nana, un Français, un Polonais ? On s’en branle. T’es juste censé flotter dans leur soupe globalisation, un pion lisse qui traverse les frontières comme on swipe sur une appli. Ils appellent ça « mobilité », « flexibilité », mais en vrai, c’est une laisse invisible qui te tire vers leurs usines à fric et leurs open spaces climatisés. L’Europe, cette vieille pute maquillée en startup, te regarde dans les yeux et te dit : « Adapte-toi ou crève. »
Et qui tire les ficelles ? Les technocrates, ces petits marquis en costard anthracite, les rois du tableur Excel et des cocktails à 15 euros. Pour eux, t’es pas un corps, pas une âme, juste une donnée à compresser, un profil à optimiser. Ils te veulent fluide, oui, mais fluide comme une huile de moteur : utile, silencieux, interchangeable. L’article que j’ai sous les yeux – un truc bien tapé, qui cogne où il faut – met le doigt dessus : ces mecs-là, perchés dans leurs bureaux à moquette beige, ils te dissolvent. Ton histoire, ta langue, tes racines, tout ça finit dans leur mixeur capitaliste, réduit en purée tiède pour nourrir le grand marché mondial.
Parce que c’est ça, l’Europe d’aujourd’hui. Oublie les cathédrales qui griffent le ciel, les révoltes qui sentent la poudre, les champs labourés par des mains calleuses. Maintenant, c’est un terrain vague numérique, une plaine stérile où l’Homme fluide glisse comme un spectre en costard Zara. Ils te parlent de « diversité », mais ils veulent tout lisser, tout fondre dans un même moule grisâtre. T’as vu les pubs, les slogans, les visages photoshopés qui sourient sur les écrans géants ? C’est leur idéal : une humanité sans accrocs, sans sueur, sans sexe, une armée de clones mous qui consomment en rythme.
Mais attends, on va pas se laisser faire comme ça, si ? L’article balance une question qui gratte : cet Homme fluide, c’est une libération ou une cage ? Moi, je dis cage, et pas une cage dorée, non, une cage en plastique cheap qui pue le pétrole et les faux espoirs. Parce que si t’es fluide, t’es rien. T’as plus de chair, plus de cri, plus de révolte. T’es juste une ombre qui clapote dans leur mare aux canards, un pion qu’on déplace sur l’échiquier pendant qu’ils sirotent leur prosecco en riant de toi.
Et pourtant, pourtant… Y’a un truc qui me titille. S’ils veulent qu’on soit fluides, pourquoi ne pas leur rendre la pareille ? Pourquoi ne pas prendre leur jeu et le retourner ? Être fluide, ouais, mais comme un torrent, comme une lame d’eau qui arrache tout sur son passage. Pas leur flaque stagnante, non, un déluge qui fracasse leurs vitrines, leurs certitudes, leurs tours de verre. Parce qu’on peut être liquide et tranchant, glissant et brûlant. Faut juste arrêter de se laisser diluer dans leur ragoût fade, leur sauce sans âme.
Alors, toi qui lis ça, secoue-toi. L’Homme fluide, c’est leur monstre pour l’instant, un pantin mou qu’ils agitent pour se faire mousser. Mais rien ne dit qu’on ne peut pas lui arracher les fils, lui coller un flingue dans les mains et le lâcher dans leurs couloirs feutrés. L’Europe, c’était du sang, des poèmes, des batailles ; elle peut encore l’être. À toi de décider si tu flottes ou si tu cognes.