Par Leila Laksil
Du malsain à la douleur, Silvia Grav prouve magistralement que la souffrance est une énergie créatrice des plus puissantes. D’une expérience personnelle ou d’un traumatisme partagé par tous ( « About the Holocaust » ) la photographe espagnole tire une composition surréaliste en noir et blanc, dans laquelle tout est maîtrisé, où ce que l’on voit est aussi important que ce que l’on devine ou croyons voir. Les personnages sont irréels, tantôt transparents, parfois disparaissant en volutes de fumée, mais toujours d’une grande sensibilité, êtres fragiles et à fleur de peau, vivants intensément. Chaque photo nous donne l’impression de découvrir pour la première fois le manque, la solitude, le désespoir, l’ivresse, chaque fois avec une pureté presque naïve. Et lorsque l’artiste s’essaie à la couleur, c’est pour montrer qu’elle est également une virtuose dans ce domaine, et que non, le noir et blanc n’est pas une facilité. Une immersion mélancolique et apaisante dans l’univers de l’artiste, dont on ne peut pas se lasser.