C’est peut-être l’air de rien l’exposition qui nous a le plus frappée cette année à Paris. Engagée, sans concession et radicale, la première étape de la collaboration entre l’université Paris II Panthéon-Assas et les Rencontres d’Arles autour du thème des paradis fiscaux est absolument remarquable.
Une exposition-vérité qui ne ment pas, qui ne cache pas, de plus en plus rare dans la capitale, il fallait donc vous présenter la pensée des deux photographes courageux à l’origine du projet…
Les paradis fiscaux ont discrètement pris d’assaut le monde en catimini. Les articles et les rapports de plus en plus nombreux sur ce sujet si mal compris sont en général illustrés par des images de plages bordées de palmiers.
Est-ce bien à cela que ressemblent les paradis fiscaux ? Du Delaware à Jersey, des Îles Vierges britanniques à la City de Londres, Paolo Woods et Gabriele Galimberti nous font découvrir un monde secret très différent de ce que nous nous plaisons le plus souvent à imaginer.
Pendant plus de deux ans, les deux artistes ont voyagé dans les centres offshore qui incarnent l’évasion fiscale, le secret, et l’extrême richesse, guidés par une unique obsession : traduire en images ces sujets pour le moins immatériels.
Ils ont réellement créé une entreprise, judicieusement nommée The Heavens, dont le siège social se situe dans le même bâtiment qu’Apple, la Bank of America, Coca-Cola, Google, Wal-Mart, et 285 000 autres entreprises.
Les paradis fiscaux ne sont pas une excentricité exotique mais bien un instrument structurel de l’économie mondialiste. Ils nous confrontent aux problèmes moraux les plus fondamentaux et interrogent les relations qu’entretiennent public et privé, entreprises et états, riches et pauvres.