Elle est si contemporaine, vivant au-delà d’un moment donné », disait Douglas Kirkland de Brigitte Bardot. Le photographe américain, auteur de clichés de légendes du cinéma de Marilyn Monroe à Angelina Jolie, n’était pas passé à côté du phénomène Bardot. En 1965, il l’a suivie sur le tournage du film de Louis Malle Viva Maria!, au Mexique, puis lors de la promotion du film aux États-Unis. De leur rencontre sont nées des images en costume sur le plateau mais aussi des portraits intimes, montrant la beauté intemporelle de l’actrice française. « Je travaille avec les célébrités, mais je ne suis pas admiratif devant elles. Les individus sont pour moi moins intéressants que les possibilités de créativité », résumait Douglas Kirkland, visiblement pas impressionné par celle dont Simone de Beauvoir assurait que « la morale n’a aucune chance avec elle ».
Un autre grand photographe américain a immortalisé Brigitte Bardot : Terry O’Neill. Il a croisé pour la première fois la star à Deauville en 1968, avant le tournage de Shalako, d’Edward Dmytry, avec Sean Connery. C’est sa proximité avec l’acteur écossais, qu’il avait déjà photographié sur le tournage des films James Bond, qui lui a permis d’immortaliser le duo avant le début du tournage en Espagne.
Le photographe a vu une seconde fois Bardot sur le tournage des Novices, de Guy Casaril, l’année suivante. Et une dernière fois pour les Pétroleuses, en 1971. La carrière de l’actrice connaissait ses dernières années, et elle donnait la réplique à Claudia Cardinale dans ce film réalisé par Christian-Jaque. Malgré leurs trois rencontres, tous deux ne sont pas devenus proches : « Elle ne faisait pas l’effort de parler anglais, donc elle gardait cette barrière entre nous. Malgré cela, elle avait une stature et une présence extraordinaires. J’étais abasourdi par sa beauté », s’est-il souvenu dans une interview accordée au Guardian en 2008.
Les clichés pris sur le tournage du western font partie des plus connus de l’actrice, en chemise et jean sombres, avec un foulard autour du cou et un étui de revolver autour de la taille : « Je pensais que si je pouvais avoir un portrait du moment où le vent faisait voler ses célèbres cheveux dans ses yeux, avec la cigarette aux lèvres, cela montrerait à quel point son image était sexy, forte, sauvage. Je n’avais plus beaucoup de pellicule donc je me suis rapproché. Le vent s’est levé et j’ai appuyé sur l’obturateur. Je n’ai pas su si l’image correspondait à mon idée jusqu’au moment où je l’ai développée. La première fois que j’ai vu les photos, j’ai eu les frissons. »
Les images des deux photographes sont réunies dans le livre Being Bardot, publié par ACC Art Books, ponctuées de déclarations des deux artistes (en anglais).