Principalement issues de commandes (magazines et publications diverses de mode, design, musique…), les photographies de Grégoire Alexandre se nourrissent d’un ensemble de contraintes qui apparaît très vite comme un contexte fécond, propice à l’émergence de nouveaux mondes. Y naissent des espaces épurés dans lesquels le réel et l’abstraction se confondent, des jeux dialectiques et quelquefois paradoxaux, empreints de fantastique ou de récits dont on n’aurait pas vraiment les clefs.
S’inscrivant dans un héritage pluridisciplinaire (cinéma, arts plastiques, théâtre…) et métissé, ces photographies ne sont pourtant que les témoins uniques, privilégiés, de réalisations concrètes et artisanales réalisées in situ.
La retouche numérique n’est qu’un instrument de finition, jamais ce qui conditionne et construit l’image. Si les mises en scène jouent de l’illusion, ce n’est que dans des artifices propres à la photographie et à ses dispositifs singuliers (optiques, scénographiques…). Les objets perdent ainsi leur fonction première et acquièrent une dimension ludique, poétique et parfois purement plastique.
Il y a là, dans un retour aux sources émerveillé, un hommage aux moyens originels de l’image (théâtre d’ombres, lanterne magique…) aussi bien qu’une projection hors de la virtualité qui se généralise par les moyens numériques de plus en plus présents. Car c’est paradoxalement de la confrontation au matériau concret et à la réalité tangible de notre monde que naît avec plus de vigueur encore un univers à l’onirisme latent.
S’y développent des images fantasmatiques où se confrontent les échelles, le blanc et la couleur, le vide et l’accumulation, le naturel et l’artifice. Et si l’image se crée dans un tel dialogue, elle est faite d’interrogations amusées plus que d’affirmations définitives. De ce parcours visuel jalonné d’abymes et de trompe-l’œil, d’installations absurdes et de mécaniques déréglées, s’esquisse un monde en (points de) suspension, propice aux rêves et à la flânerie.