James Tiptree, Jr., était un immense écrivain de science-fiction adoré pour sa prose très masculine (comparé très longtemps à Hemingway) et ses thèmes universels. Mais derrière James Tiptree se cachait en réalité Alice Bradley Sheldon.
« Il » était donc « elle ». Et elle était un écrivain de science-fiction très populaire, acclamé pour la quintessence de son écriture masculine, avant qu’il ne révèle que « il » était « elle ». C’était en 1977, dix ans avant sa mort, qu’elle a annoncé : « en fait, James Tiptree n’existe pas, derrière lui, c’est moi, Alice Bradley Sheldon ». Tous les lecteurs ont été complétement stupéfaits.
Pour l’histoire, « James Tiptree » était déjà connu pour être un pseudonyme, mais les lecteurs avertis avaient supposé que c’était le nom de plume d’un agent de la CIA qui ne pouvait pas révéler son identité. J’ai eu la chance de rencontrer des proches d’Alice Sheldon (1915-1987) qui a vraiment eu une carrière hors du commun.
Elle a travaillé dans le renseignement de l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale, avant qu’elle ne devienne experte en lecture de photographies aériennes. Elle a même élevé des poulets. Avant de travailler, il est vrai, un peu pour la CIA. En fait, toute la biographie de James Tiptree était exacte, à l’exception de son sexe.
Pour fêter ses quarante ans, Alice Sheldon était même retourné à l’université, obtenant un doctorat en psychologie expérimentale en 1967. Et c’est ensuite qu’elle a commencé à écrire de la science-fiction. Sa première histoire a été publiée un an après, en 1968, sous la signature de James Tiptree.
Avant d’utiliser un certain nombre d’autres noms de guerre, dont Raccoona Sheldon. Le plus drôle, c’est que c’est James Tiptree qui n’existe donc pas, a aidé Raccoona Sheldon a être publié. C’était essentiel d’être recommandé par un écrivain et non par une écrivaine pour espérer être édité.
Alice Sheldon a choisi le nom de « James Tiptree, Jr. » pour créer une mascarade pensant au fond d’elle même : « Les hommes ont tellement préempté le domaine de l’expérience humaine que lorsque vous écrivez sur des motifs universels, vous êtes censé écrire comme un homme….J’ai eu trop d’expériences dans ma vie d’être la première femme dans une maudite occupation. »
Autrement dit, elle analyse l’univers en tant que femme dans un monde dominé par les hommes avec il est vrai des tendances féministes évidentes.
Comme les lecteurs avaient aimé l’écriture de James Tiptree, il était forcément devenu dans l’inconscient collectif un homme, un aventurier à la James Bond. Certes les hommes ont jusqu’à aujourd’hui dominé l’histoire, mais pour vraiment comprendre l’histoire, Alice nous prouve qu’il est plus intelligent et raisonnable de suivre les femmes.
En terminant toute son œuvre, j’ai essayé de résumer son travail en une seule phrase, et je dirais qu’Alice à su comme personne d’autre mettre en lumière les femmes que les hommes ne voient pas.