La convergence des canaux de diffusion des médias s’accélère. Le dernier exemple en date est celui du New York Times puisque les rédactions papier, web et le labo du quotidien sont enfin réunies.
Le laboratoire de recherche et développement créé fin 2006 par l’un des plus grands quotidiens du monde rassemble quelques jeunes accros d’Internet et des nouveaux médias qui essaient d’imaginer à quoi ressembleront les journaux et les médias de demain. Dans ce laboratoire on parle d’utilisateurs, plutôt que de lecteurs, et de contenu plutôt que d’articles.
Les objets intelligents pouvant servir de support à l’information sont de plus en plus nombreux : des mini-ordinateurs, des livres électroniques, des téléphones « intelligents », un petit boîtier qui projette sur la table un clavier virtuel lumineux. Dans le détail on trouve le livre numérique Kindle (cf : https://www.apar.tv/1288/le-kindle-nouveau-support-publicitaire/ ), mais aussi d’autres moins connus comme le Sony, le Bookeen ou l’IRex. Ainsi qu’une curieuse boîte bleue nommée « Custom Times » qui est surmontée d’un écran. C’est une sorte de kiosque numérique qui fournit un journal personnalisé en fonction du lecteur. Celui-ci sélectionne sur l’écran ses centres d’intérêt ou passe un badge d’identité devant une borne. Et une imprimante lui sort les informations qui l’intéressent.
Dans un autre genre tout aussi révolutionnaire, le Labo du Times nous apprend qu’une pièce d’habitation a été reconstituée dans un angle. Aux murs, quatre petits écrans et un grand. Par terre, une veilleuse. Elle est verte quand Wall Street est à la hausse, rouge à la baisse. Lorsque la chute est forte, une sirène retentit – les responsables du laboratoire avouent s’être amusés. Sur un des écrans, l’état de la circulation en temps réel à Manhattan. Sur un autre, un présentateur virtuel, dont on choisit l’apparence et qui lit les dernières nouvelles.
Sur un troisième écran, des lignes qui défilent, semblables à un fil d’information. « Ce sont des messages qui viennent de réseaux sociaux comme Twitter, de courriels, de flux RSS, avec des liens vers des sites, des vidéos », explique Michael Zimbalist dans Le Monde. Il suffit de poser le doigt sur un de ces messages pour que la page Web ou la vidéo qui lui est liée s’affiche sur le grand écran voisin. La vidéo peut être envoyée sur plusieurs supports : télévision ou téléphone portable. « Il faut créer une « expérience de marque », résume le responsable du laboratoire. Le contenu du New York Times va se décliner sur de multiples plates-formes, des objets intelligents. Dans combien de temps tout cela verra-t-il le jour ? Si je dis dix ans, ce sera cinq ; si je dis cinq, ce sera trois. Tout va de plus en plus vite. »
Mais le laboratoire du New York Times n’est pas seulement un lieu d’innovation à usage interne. C’est avant tout une vitrine des savoir-faire du journal, estime Joshua Benton, directeur du Nieman Journalism Lab à Boston et bon connaisseur de la presse américaine. « Le laboratoire du New York Times a été visité par plus d’annonceurs et d’agences que de journalistes, note-t-il. Et c’est tant mieux. Car le principal problème auquel est confronté le quotidien est la destruction de son « business model ». Par conséquent, tout ce qui permettra d’offrir aux annonceurs des supports intéressants vaut la peine d’être exploré. » Michael Zimbalist ne s’en cache pas : « Nous voulons offrir de nouvelles opportunités aux annonceurs. Ils ont besoin d’une large audience, de pages du quotidien, mais aussi de marketing ciblé. Les objets intelligents peuvent proposer cela. Grâce à la géolocalisation, mon iPhone peut m’indiquer où je peux trouver à proximité tel objet dont je vois une publicité, où regarder tel film dont je lis une critique. »