Makda Iyasu nous vient du pays où les oiseaux se cachent pour mourir, la Floride. Elle, profite de la chaleur de Miami pour développer un rapport au corps que l’on retrouve dans les civilisations où le soleil n’accepte le vêtement que comme un atour, la mise en valeur d’une peau qui se suffirait à elle-même.
C’est donc naturellement que Makda Iyasu tourne très jeune son objectif vers la mode. Peut-être est-ce du à ses origines d’Extrême Orient ou tout simplement à un second degré qui lui est propre, toujours est-il que la réalisatrice a le don de proposer des images à la fois magnifiques et magnifiées et à la fois ironiques. Comme si la beauté, bien que réelle, ne devrait être traitée que comme une chimère. Une position courageuse dans un monde où l’esthétique représente le grand tout. Comme dans ce film, bestiaire porn chic, inédit pour adulte tiré des pollution nocturne de monsieur de La Fontaine.
Le projet de Makda Iyasu, Bathroom Stories, est un superbe exemple du trouble des valeurs esthétiques. En se plongeant dans ce lieu intime par excellence (numéro deux derrière les toilettes) mais ouvert au grand public par ces grands voyeurs que sont les photographes et réalisateurs. Que devient le corps dans ce paradoxe du naturel fabriqué, de l’intime dévoilé, du lâcher-prise maîtrisé ?
Un questionnement du corps qui est à la fois ridicule et objet de culte. Le corps, cette pure mécanique devenue art, Makda Iyasu n’a pas fini de le maltraiter et de le renvoyer à ce que Lacan aurait pu appeler un signifiant devenu signifié.