A l’occasion d’un débat sur « l’avenir du cinéma » organisé pour les 75 ans du Festival de Cannes ce mardi, plusieurs grands réalisateurs, comme Paolo Sorrentino, se sont exprimés sur la question des films produits sur les plateformes de streaming.
L’aventure Netflix, c’est fini pour l’Italien Paolo Sorrentino qui ne souhaite plus collaborer avec la plateforme de streaming et a défendu mardi à Cannes le cinéma en salles lors d’un débat organisé pour les 75 ans du Festival.
Un film Netflix, « je pense que ce n’est pas quelque chose que je referai », a déclaré le réalisateur oscarisé de La Grande Belleza, mardi 24 mai, aux côtés d’autres grands noms du 7e art (Guillermo del Toro, Costa-Gavras, Cristian Mungiu…), venus débattre de « l’avenir du cinéma« .
Son film La main de Dieu, qui a concouru à la Mostra de Venise en septembre 2021 et revient sur un drame personnel – la mort accidentelle de ses parents, victimes d’une intoxication au monoxyde de carbone – a été diffusé en ligne sur Netflix. Il n’est pas sorti en salles en France.
Le grand écran pour les grandes histoires
« J’ai pratiqué plusieurs supports, j’ai fait des films pour le cinéma, pour la télévision mais au final, ce que je préfère, c’est faire des films comme je les faisais au début. Ce n’est que sur un grand écran qu’on retrouve tout le pouvoir d’une histoire« , a souligné le Napolitain, également réalisateur de la série The Young Pope avec Jude Law.
« La télévision n’est pas le bon endroit pour faire de grandes et belles choses« . Il a par ailleurs estimé que « les gens vont être fatigués de voir des films chez eux et ils retourneront dans les salles« .
Le réalisateur mexicain Guillermo del Toro, qui collabore avec Netflix sur plusieurs projets, a assuré « être en paix avec les changements de format« , estimant que l’important c’était « de raconter des histoires ». « Sommes-nous en train de débattre de la taille de l’écran ou de la taille des idées ?« , a-t-il ironisé.
Inviter les films des plateformes au Cinéma
Pour le délégué général du Festival Thierry Frémaux, « la bataille que nous allons tous mener c’est aussi que des films produits par les plateformes puissent aller dans les salles de cinéma« . Les règles du festival excluent de la compétition les films de plateforme qui ne sortent pas dans les salles de cinéma françaises.
Alors que les grands auteurs n’hésitent plus à aller sur les plateformes (Scorsese ou Jane Campion chez Netflix, bientôt Ridley Scott chez Apple…), et que les habitudes des spectateurs évoluent, il a plusieurs fois exprimé le souhait que cette règle change mais les exploitants français, au conseil d’administration du Festival, s’y opposent.