La maison de vente parisienne vient de mettre en place ni vu ni connu un hold-up financier à l’image des objets de la marque Supreme qui vont être vendu le 16 Mai à 18h. Des paires de Nike x Supreme à 2.500 $. Des casquettes à 700$. Des Sweats à 1.200$. Une malle Louis Vuitton x Supreme à 70.000€. Des t-shirts à 1.200$. Des planches de skate Supreme x Terry Richardson à 6.000$. Un marteau à 800$. Un ballon de basket à 5.000$. Des gants de boxe à 3.500$. Des bougies à 300$. Des casques de moto à 3.000$. Et on pourrait continuer comme ça pendant des heures.
A la manœuvre du coup monté, Fabien Naudan, vice-président d’Artcurial. L’homme qui aura osé déclarer publiquement que Supreme représente « trois décennies de culture urbaine américaine ». Lui comme ses employeurs vivent définitivement dans un monde où ils représentent l’autorité et nous contestons totalement leurs connaissances de la scène artistique ainsi que leur leadership intellectuel.
Nous tenons à ce que la rue conserve son originalité et son pouvoir sur les marques. Le contraire de ce que le consommateur mondial actuel a été amené à croire, à savoir que les marques comme Supreme ont des pouvoirs surnaturels.
Cette marque cyniquement crée en 1994 par James Jebbia pour les skateurs alors même qu’il n’a jamais fait de skate de sa vie, avec l’idée faussement insolente pour le lancement de poser des autocollants sur toutes les affiches Calvin Klein montrant Kate Moss. Le tout avec un logo Supreme largement « inspiré » par une œuvre de l’artiste Barbara Kruger.
Ensuite, pour intensifier la propagande à son plus haut niveau, James Jebbia a acheté l’image d’artistes plus ou moins « transgressifs » comme Takashi Murakami, Christopher Wool, Damien Hirst, Ryan McGinness, Larry Clark, Harmony Korine, Peter Saville, Neil Young, les Beastie Boys, Lou Reed, Morrissey, Tyler The Creator, Lady Gaga ou encore Terry Richardson.
Tout en réalisant des collaborations avec Comme des Garçons, Vans ou Nike et en créant des objets dérivés pour continuer d’être « subversif » avec son porte-clefs Supreme, son cendrier Supreme, son nunchaku Supreme, son peigne Supreme, son jeu de cartes Supreme, etc, etc.
Il n’y a plus rien d‘intéressant à faire dans le domaine de la « street culture ». La culture de la basket comme du skate s’est propagée à l’échelle mondiale parce que c’est un moyen efficace pour « fliquer » la jeunesse urbaine. Ces évènements sont des endroits parfaits pour recueillir des données, des noms, des visages, pour créer une surveillance et un contrôle sociétal. Aucune idée ici. C’est un travail de police.
Comme avec tous les cataclysmes, les faibles (les acheteurs de la marque Supreme) ont déjà été perdus. Ils sont facilement reconnaissables dans toutes les rues de toutes les villes du monde. Ils sont visibles de leurs propres chaînes. Supreme.
Cette vente résume donc parfaitement ce que nous avons nommé le réchauffement cultuel. Quand le monde de la mode avale et contrôle le monde de l’art. Citons maintenant le chef d’orchestre de cette mascarade, «dans les années 1990-2000, les acteurs de la culture urbaine – DJ, photographes, artistes et labels de mode dont Supreme – étaient des marginaux qui créaient sans rien calculer, sans approche marketing, mais avec beaucoup de génie. Entre 2000 et 2010, le phénomène bascule et se professionnalise, les créateurs se muent en chefs d’entreprise, en producteurs, en managers. Ils vont chercher les talents alors qu’ils étaient ce talent, ils n’opèrent plus dans la rue mais dans des bureaux. Depuis 2010, nous sommes entrés dans la décennie du cash out, c’est maintenant que cette culture génère beaucoup d’argent.»
Ils ont construit un système mythologique mondial de la mode qu’eux seuls contrôlent. Les gardiens du temple que sont Arnault et Pinault sont pleinement conscients du manque actuel de pertinence de ces mythes. Ces mythes protègent leur système artificiel de bon goût. Qui ne peut être évidemment être modifié que par eux.
Le monde des tendances est aussi une construction complètement fausse qui est là pour appuyer la propagande construisant un cycle sans fin pour le consommateur.
Les gardiens du temple sont des baby-boomers, ils sont donc âgés. Ils ont alors commencé à utiliser leurs enfants et leurs petits-enfants pour conserver leur jeunesse artificiellement et leur influence éternelles. Pour prolonger cette influence fabriquée, leurs descendants sont reconditionnés en tant que créateurs de tendances.
Ils sont si sûrs de leur pouvoir et de leur supériorité qui comprend la supériorité artistique – la supériorité intellectuelle – la supériorité sociale et le contrôle de la création de l’histoire du bon goût.
Ils vivent dans une bulle faite de leur propre création. En dehors de leur bulle, nous pouvons avec notre collectif 99% YOUTH revoir les règles, les hiérarchies et l’histoire passée-présente et future.
Comme nous l’avons prédit il y a 5 ans, le monde de la mode comme le monde de l’art va s’effondrer. C’était un empire autocratique et l’histoire montre qu’ils vieillissent, s’affaiblissent puis tombent.
Instagram et n’importe quelle autre variante les a déjà remplacés. Ils ont été délirants quant à leur pouvoir d’influence pendant des années. Ils vivent tous dans le passé.
Aucun d’entre eux ne fait partie du présent et la plupart d’entre eux n’auront aucune participation quant à l’avenir.
Comme n’importe quel empire, les idées deviennent de la poussière et les quelques symboles visuels deviennent kitsch…