Timing parfait : au lendemain du verdict de l’affaire des viols de Mazan – vous savez, ce cauchemar où un mari droguait sa femme pour la livrer à une meute de violeurs pendant dix ans –, cette nomination sonne comme une blague de mauvais goût. La violence faite aux femmes ? Un détail pour le nouveau gouvernement, apparemment.
Et là, bim, cerise sur le gâteau rance : une vidéo de 2022 refait surface, cadeau empoisonné du Collectif Ibiza. On y voit Gérald, tout sourire, se faire alpaguer par des militants qui ont décidé de lui tendre un miroir – pas flatteur, le miroir. Pendant que des voix féminines hurlent son prénom comme dans un mauvais film, un jeune gars s’avance, la punchline bien affûtée : « Je voudrais vraiment vous remercier pour votre action sur les violences faites aux femmes. Moi je fais comme vous, une pipe contre un service. » Bim, uppercut. La phrase claque comme une porte de commissariat, et elle n’est pas gratuite. Elle renvoie direct à ces deux affaires qui collent à Darmanin comme une vieille odeur de scandale : 2017, 2018, deux femmes, deux accusations – viol, harcèlement, abus de faiblesse. Monsieur, alors ministre de l’Action et des Comptes publics, aurait monnayé des faveurs contre des « services » très personnels.
Consentement, vraiment ? Lui dit oui, les juges ont tranché : non-lieu pour l’une, classée sans suite pour l’autre. Circulez, y’a rien à voir, la boutique reste ouverte.
Darmanin, lui, ne nie pas les galipettes, mais jure sur son honneur que tout était « consenti ». Et les petits services rendus après ? Juste un hasard, sans doute, une coïncidence de gentleman. Pendant ce temps, la vidéo tourne en boucle sur les réseaux, et le contraste fait mal : d’un côté, Dominique Pélicot, 20 ans de taule pour avoir transformé sa femme en proie ; de l’autre, Darmanin, promu grand patron de la Justice. Les accusations de viol brisent les carrières, qu’ils disaient ? Laissez-moi rire, un bon fou rire nerveux.
Et comme si ça ne suffisait pas, Gérald dégaine déjà ses « mesures » pour calmer la tempête. Sur TF1, la mâchoire serrée et l’œil brillant, il balance son idée lumineuse : passer la garde à vue de 48 à 72 heures pour les violences sexuelles aggravées ou les féminicides. Objectif ? Trouver un hébergement « plus éloigné » pour les victimes et « mieux bosser avec la justice ». Génial, non ? Sauf que les avocates, elles, ne rigolent pas. Isabelle Steyer, figure d’Action juridique féministe, trouve ça « utile mais insuffisant » – un pansement sur une hémorragie. Violaine de Filippis en remet une couche : justice trop lente, enquêtes qui traînent, investigations au point mort. Pendant ce temps, les femmes continuent de tomber, et Darmanin peaufine son CV.
Alors voilà, bienvenue dans la France de 2025 : un Garde des Sceaux au passé douteux, une vidéo qui sent le soufre, et des militantes qui crient dans le vide. « Une pipe contre un service », qu’il disait. Et nous, on regarde, sidérés, ce cirque où les puissants valsent sur les ruines des victimes. Rideau.