Ce lundi, la Chine a confirmé que l’écrivain australien Yang Jun avait été « condamné à mort avec sursis » pour espionnage, une information révélée auparavant par l’Australie qui avait fait part de son mécontentement. 20 Minutes fait le point sur cette affaire.
Qui est Yang Jung ?
Né en Chine en 1965 dans la province du Hubei, Yang Jun a d’abord étudié le droit à l’université Fundai à Shanghai avant de travailler au ministère des Affaires étrangères. Il a ensuite déménagé à Sydney, où il a acquis la nationalité australienne, il y a dix-neuf ans. Là-bas, il a commencé à publier, sous le pseudonyme de Yang Hengjun, une série de romans d’espionnage, particulièrement prisés dans son pays d’origine. Le premier tome, Fatal Weakness, traite de corruption gouvernementale impliquant la Chine et les Etats-Unis.
Le romancier s’est également illustré à travers plusieurs blogs qu’il animait en langue chinoise pour la plupart. Considérant qu’Internet permet aux Chinois de s’informer aux mieux sur les événements majeurs, il a notamment écrit sur des sujets controversés comme le Tibet, le tremblement de terre du Sichuan et la démocratie occidentale. Il est connu pour ses positions critiques envers le parti communiste. Il travaillait, par ailleurs, pour l’université de Columbia aux Etats-Unis.
Que lui reproche la Chine ?
Yang Jun a été arrêté en Chine le 18 janvier 2019 à l’aéroport de Guangzhou alors qu’il attendait une correspondance pour Shanghai. Six jours plus tard, les autorités annoncent qu’ils l’ont placé en détention pour « atteinte à la sécurité nationale ». Pendant sept mois, rien ne filtre sur son incarcération, tenue secrète. Ce n’est qu’en août 2019 que Pékin indique qu’il a été arrêté officiellement pour « espionnage ». Des accusations qu’il conteste.
L’écrivain avait affirmé en mai 2021 avoir été torturé dans un lieu tenu secret pendant sa détention, craignant que des aveux forcés ne soient utilisés contre lui. Son procès s’est tenu à huis clos en 2021. L’ambassadeur d’Australie en Chine a lui même été refoulé du tribunal. Aucun verdict n’a été rendu public, ce qu’ont vivement critiqué les défenseurs des droits humains. La ministre australienne des affaires étrangères avait alors qualifié cette attitude d’« arbitraire et opaque ».
Lundi, un tribunal de Pékin a déclaré que l’écrivain avait été reconnu coupable d’espionnage. Il a été condamné à mort « avec sursis » et s’est vu confisquer « tous ses biens personnels ».
Que signifie sa peine ?
Concrètement, une peine de mort avec sursis en Chine est généralement commuée en prison à vie après deux ans d’emprisonnement.
Quelles ont été les réactions ?
« Le gouvernement australien est effaré par cette décision », a indiqué la ministre des Affaires étrangères Penny Wong lors d’une conférence de presse, soulignant que Canberra réagirait « dans les termes les plus forts ». « Je tiens à souligner la détresse aiguë que le Dr Yang et sa famille doivent ressentir aujourd’hui, après des années d’incertitude », a déclaré la ministre. Et d’ajouter : « Tous les Australiens souhaitent qu’il puisse retrouver sa famille ».
Cette condamnation intervient à un moment où les relations sino-australiennes apparaissaient en voie d’amélioration, avec notamment la libération en octobre 2023 de la journaliste australienne Cheng Lei, également emprisonnée en Chine pour des accusations d’espionnage. Les relations entre les deux pays s’étaient dégradées en 2018, quand l’Australie avait exclu le chinois Huawei de son réseau de téléphonie 5G.
Canberra avait également irrité Pékin en appelant à une enquête internationale sur les origines de la pandémie de Covid-19, qui avait démarré en Chine. En réponse, la Chine avait notamment imposé des droits de douane élevés sur de nombreux produits d’exportation australiens, dont la viande, le vin et l’orge, et interrompu ses importations de charbon. La plupart de ces mesures ont été levées depuis l’arrivée au pouvoir en mai 2023 du Premier ministre Anthony Albanese.
Source : 20Minutes