Si l’affaire peut sembler sulfureuse, rien n’indique à ce stade que ce décès soit suspect. Un lanceur d’alerte qui était notamment la source du New York Times d’une série d’articles sur les liens troubles entre Deutsche Bank et la Russie, et qui avait également été entendu par le FBI sur de possibles connexions avec Donald Trump, a été retrouvé mort à Los Angeles ce lundi.
Les services d’analyses médico-légales du comté de Los Angeles confirment à 20 Minutes que Val Broeksmit, 45 ans, est décédé lundi. Une autopsie a eu lieu, mais la détermination de la cause de la mort a été « repoussée ». « Le médecin légiste a demandé que l’enquête sur ce décès se poursuive et effectué de nouvelles analyses », précise un porte-parole.
La police de Los Angeles n’a pas souhaité faire de commentaires sur cette enquête « en cours ». Le journaliste américain Scott Stedman, qui avait été en contact avec Val Broeksmit jusqu’à en janvier, a indiqué qu’il ne suspectait pas un meurtre, précisant que son « ami » souffrait d’une addiction récurrente aux opiacés.
Le fils d’un cadre de Deutsche Bank qui s’était suicidé en 2014
Val Broeksmit, 45 ans, était le fils adoptif de William Broeksmit, un ex-cadre haut placé de Deutsche Bank qui s’était suicidé à Londres en 2014, alors que la banque allemande était visée par plusieurs enquêtes, notamment pour blanchiment d’argent russe. Proche de Anshu Jain, codirecteur général de la banque à cette époque, William Broeksmit avait laissé à son fils de nombreux emails et documents confidentiels. Ce dernier les avait par la suite fournis au journaliste David Enrich qui a démêlé les liens complexes de la banque avec la Russie dans une série d’articles puis dans le livre Dark Tower.
Val Broeksmit avait également joué les informateurs pour le FBI. Il avait ensuite été assigné à comparaître par le Congrès américain qui enquêtait sur les liens financiers entre Donald Trump et la Russie lors de la première procédure d’impeachment visant l’ex-président américain. Le fils de l’ancien cadre de Deutsche Bank affirmait notamment que des prêts de plusieurs dizaines de millions de dollars accordés à Trump via la filiale Deutsche Bank Trust Company Americas avaient été garantis par la banque publique russe proche du Kremlin VTB. Deutsche Bank s’était défendue de toute malversation, assurant que de tels dépôts de cash entre établissements bancaires étaient courants.
Trump dans le collimateur de la procureure de New York
Les Broeksmit père et fils ne sont pas les seuls décès connectés à la banque allemande. En 2014, Charlie Gambino, un avocat de l’établissement, s’était suicidé à New York. Et en novembre 2019, un cadre de la banque qui avait travaillé sur les prêts accordés à Donald Trump, Tom Bowers, s’était pendu dans sa villa de Malibu.
Au final, Deutsche Bank avait été condamnée à payer une amende de 425 millions de dollars par les autorités financières de l’Etat de New York en 2017 pour violations des lois antiblanchiment portant sur 10 milliards de dollars venant de Russie.
Donald Trump, lui, n’a pas été inquiété à ce stade. Mais lundi, la procureure de l’Etat de New York, qui soupçonne le promoteur immobilier de pratiques fiscales « frauduleuses », a indiqué à un juge qu’elle avait presque terminé de démêler ses actifs. L’ancien président américain, qui tente de bloquer cette enquête au civil, a été condamné par un juge à payer 10.000 dollars par jour tant qu’il refuse de fournir des documents fiscaux réclamés par la procureure.
Source : 20 Minutes