Pendant trois ans, Victor Castanet, journaliste indépendant, a enquêté sur le groupe Orpea, leader mondial des Ehpad. Au fil des 250 témoignages recueillis sur plusieurs dizaines de sites en France, le même refrain : maltraitance des personnes âgées prises en charge dans les établissements du groupe et surcharge de travail ingérable pour le personnel soignant.
Deux ans après le début de son enquête, et alors qu’Orpea commence à comprendre que son travail est très fouillé, Victor Castanet déjeune avec un « ami des dirigeants du groupe ». Au cours de ce repas, celui-ci lui propose 15 millions d’euros pour arrêter l’enquête, via un contrat en bonne et due forme.
« Accepter cette proposition ne m’a jamais effleuré l’esprit. Quand vous avez tous ces témoignages et recueilli toute cette souffrance, c’est impossible. Même pour 15 millions d’euros », explique calmement ce journaliste indépendant. « Ce qui m’a le plus choqué, c’est d’entendre un des anciens cadres m’expliquer qu’ils traitaient les gens non pas comme des personnes, mais comme des produits de consommation ».
« Il est hors de question que de tels agissements soient tolérés dans notre pays », a réagi Gabriel Attal à l’issue du Conseil des ministres ce mercredi. « Nos aînés méritent le respect, ils méritent le meilleur, et il est hors de question que de tels agissements puissent être tolérés dans notre pays », a-t-il ajouté. Le directeur général du groupe Orpea sera convoqué par la ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, qui se réserve la possibilité d’une enquête indépendante sur ces faits graves s’ils sont avérés ».