Auteur de fantasy et de science-fiction à succès, Christopher Paolini ne pensait sans doute pas que son dernier livre ferait parler de lui en raison de sa couverture. Celui qui a notamment écrit la saga Eragon sortira dans quelques mois son nouveau livre, Fractal Noise, qui est partie intégrante d’une série qu’il a baptisée le Fractalverse –et dont le visuel a été généré par une intelligence artificielle.
Dès que la couverture a été dévoilée, les fans ont émis leurs premiers doutes. Sur Twitter, des petits malins ont rapidement fait le lien entre d’images, qui a été générée par une intelligence artificielle. Celle-ci avait bien entendu été réarrangée, bien qu’aucun nom de graphiste ou d’artiste ne figure sur la quatrième de couverture ou à l’intérieur de l’ouvrage. Un élément qui en a étonné plus d’un, l’éditeur Tor Books ayant plutôt la réputation de promouvoir le travail de celles et ceux qui composent ses univers visuels.
Face aux nombreuses réactions hostiles, la maison d’édition a décidé de publier un message sur Twitter afin d’apaiser les esprits: «Durant le processus de création de cette couverture, nous avons acheté une image provenant d’une banque d’illustrations renommée. Nous ne savions pas que cette image avait été créée par une intelligence artificielle. Notre designer maison l’a utilisée pour créer notre couverture, qui a été présentée à Christopher pour validation.»
«En raison de contraintes de production, poursuit le communiqué, nous avons décidé de poursuivre avec la couverture actuelle. Depuis ses débuts, le groupe Tor Publishing a toujours fait appel à des créateurs du monde de la science-fiction et de la fantasy, et nous continuerons à agir de la sorte.»
Mais selon Gizmodo, il y a un hic: connue pour ses couvertures de grande qualité, Tor Books aurait dû réaliser tôt ou tard que l’image utilisée n’était pas l’œuvre d’un être humain. Les excuses publiées sur Twitter sont trop timorées, estime le site américain, qui attire l’attention sur le fait que la maison d’édition ne s’engage pas à ne plus utiliser d’illustrations générées par intelligence artificielle.
En outre, la décision de conserver cette couverture (pour un livre qui ne sortira sans doute pas avant mai 2023) fait grincer des dents chez les graphistes. Tor Books avait largement le temps de faire machine arrière et de faire appel à des créateurs et créatrices pour imaginer un nouveau visuel, mais a opté pour le maintien du design actuel. Ce qui passe mal dans le milieu de la création visuelle.
En France aussi, les visuels générés par des algorithmes commencent à apparaître et à faire jaser. C’est le cas de la couverture de Poster Girl, dernier roman de Veronica Roth (Divergente), pour laquelle une intelligence artificielle est créditée. «Illustrations: © IA Midjourney», peut-on lire, comme l’indique Livres Hebdo.
De nombreuses critiques ont été formulées, y compris sur la qualité et la cohérence de l’image utilisée –les yeux asymétriques de la jeune femme présente sur la couverture ont fait parler, tout comme un possible problème de sourcils. Mais la publication de ce roman publié chez nous en novembre 2022 pourrait bien ouvrir la voie à une nouvelle génération de couvertures de livres qui n’auront pas coûté un sou.
Source : Slate