Dans la nuit du 17 au 18 octobre, un câble de fibre optique majeur a été sectionné dans les Bouches-du-Rhône. Il s’agit indiscutablement d’un acte de vandalisme selon Zscaler, une entreprise de cybersécurité qui exploite cette infrastructure de SFR ; et ce sabotage a eu des conséquences sur la connectivité web un peu partout dans le monde.
En effet, comme on peut le voir sur la carte ci-dessus, ces câbles sont positionnés en amont d’une autre structure de transit vers le réseau de câbles sous-marins. Ce dernier constitue la colonne vertébrale du réseau Internet mondial ; un positionnement stratégique qui explique les conséquences ressenties par certains utilisateurs à l’autre bout de la planète.
Dans un rapport d’incident repéré par Netcost Security, l’entreprise a expliqué que « la coupure d’un câble majeur dans le Sud de la France a impacté la connectivité en Asie, en Europe, aux États-Unis, et potentiellement dans d’autres régions du monde ». En pratique, cela s’est traduit par des pertes de paquets ou une latence accrue sur les réseaux concernés.
Au bout du compte, il est apparu que trois câbles distincts ont été sectionnés dans un délai relativement court — une information qui donne encore plus de crédit à la piste du sabotage pour et simple, selon le directeur de Zscaler Jay Chaudhry cité par CRN. Le premier a déjà été réparé, et les travaux sont apparemment en cours sur les deux autres lignes. L’identité des auteurs, en revanche, reste inconnue à ce jour ; il faudra attendre la conclusion des enquêtes en cours en France, mais aussi dans d’autres pays concernés selon Netcost.
L’infrastructure sous-marine, nerf de la guerre en Urkaine ?
Certains y ont vu un lien avec deux autres incidents qui se sont déroulés au Royaume-Uni. La semaine dernière, des câbles sous-marins ont été endommagés dans le nord du pays ; les résidents des îles Féroé, puis Shetland se sont ainsi retrouvés privés de téléphone et d’Internet pendant une durée prolongée.
Mais d’après le gouvernement britannique cité par le Guardian, il s’agissait tout simplement d’accidents. Les câbles en question auraient été endommagés par des chalutiers — le type d’incident le plus fréquent sur ces installations. Les enquêtes sont toujours en cours, mais pour l’instant, aucun élément rendu public ne permet d’établir un lien entre ces incidents.
Cela n’a pas empêché certains observateurs de spéculer, notamment en pointant du doigt la Russie. Il s’agit probablement d’une conséquence de la paranoïa caractérisée qui entoure les installations sous-marines depuis le sabotage du Nord Stream.
Ce pipeline gazier est au cœur d’un immense marasme diplomatique. Plusieurs états ont accusé à demi-mots le gouvernement russe d’avoir endommagé délibérément l’installation dans le cadre du bras de fer qui l’oppose au reste de l’Europe. Le Kremlin a nié toute implication, accusant au passage les États-Unis et leurs alliés d’avoir endommagé le pipeline eux-mêmes afin de nuire aux intérêts russes.
À l’heure actuelle, l’enquête n’a toujours pas produit de résultats probants — ou du moins, ils n’ont pas été rendus publics. Mais l’incident a déclenché un véritable branle-bas de combat sur tout le continent. Plusieurs pays, à commencer par la France, ont annoncé un renforcement considérable de la surveillance autour de toutes les installations sous-marines — en particulier celles qui sous-tendent l’Internet mondial. Et cette affaire de sabotage en France prouve que cette décision est justifiée et nécessaire; elle nous donne un petit avant-goût des conséquence terribles que pourrait avoir un sabotage massif des câbles sous-marins.
Source : journaldugeek.com