Dominique Boutonnat restera-t-il président du Centre national du cinéma (CNC) jusqu’à une éventuelle condamnation ? Accusé de tentative de viol et d’agressions sexuelles par son filleul, le patron du cinéma français – qui dément – a été renvoyé en correctionnelle ce jeudi, ce qui signifie que le procès aura bien lieu.
Sa mise en examen n’avait pas empêché Emmanuel Macron de le reconduire à ce poste-clé cet été, saluant notamment sa gestion de la crise sanitaire. Cette nouvelle étape dans le processus judiciaire ne devrait pas avoir davantage de conséquences sur son maintien à la tête du CNC. « Il est mis en examen, pas condamné. La présomption d’innocence prévaut. Ce sera à la justice de trancher », avait souligné la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak en entrant au gouvernement.
L’honneur du CNC en jeu
Depuis la « jurisprudence Bérégovoy-Balladur », la démission de ministres au moment d’une mise en examen est devenue l’usage afin d’éviter de fragiliser le gouvernement. Mais cette règle implicite ne s’applique pas aux postes pourvus sur nomination du président. Difficile néanmoins pour le CNC de mener à bien toutes ses missions dans ce climat. La ministre de la Culture rappelait que Dominique Boutonnat « a été pionnier sur la lutte contre les violences sexuelles et sexistes » : une subvention de CNC est conditionnée à des mesures ou des formations sur le sujet. Mais « on ne peut pas faire de la lutte contre les violences sexuelles l’un des chantiers les plus importants de sa présidence tout en étant mis en examen soi-même pour tentative de viol. Il y va de l’honneur du CNC et des rapports apaisés avec tous les secteurs de la profession », se désolait le producteur Saïd Ben Saïd au moment de la confirmation de Dominique Boutonnat au poste.
À l’approche des cinq ans de #MeToo, et alors que la parole des victimes s’exprime plus que jamais hors du cadre de la justice, Emmanuel Macron semble avoir choisi son dogme. Son silence sur le CNC, comme sur la mise en examen d’Éric Dupond-Moretti, sonne comme un rappel : seule la condamnation prête à conséquence.
Source : telerama.fr