En Grande-Bretagne, les chasseurs de pédophiles sont responsables de la moitié des arrestations de pédocriminels sur le territoire. De simples citoyens qui assistent, depuis environ dix ans, des forces de l’ordre souvent dépassées par l’enjeu. En France, il s’agit de la Team Moore. Depuis trois ans, cette équipe, dirigée par un Réunionnais très habité par son combat, participe à rendre le web un peu plus sûr pour les enfants. Et ce, malgré des autorités parfois réticentes à cette collaboration d’un nouveau genre avec de simples citoyens. A l’aube de la publication d’un livre consacré à cette aventure hors du commun, le fondateur de la Team Moore – anonyme, comme toute l’équipe – a accepté de répondre à nos questions.
Amèle Debey, pour L’Impertinent: Qu’est-ce que la Team Moore?
Steven Moore: C’est un collectif citoyen. Et non une association, j’insiste sur ce point. J’ai refusé ce statut pour éviter qu’on nous accuse de faire tout ça pour les subventions, ainsi que pour conserver notre liberté de parole. Celle-ci est totale, je crois que nous l’avons encore prouvé récemment lors de notre échange avec le Premier ministre, Jean Castex. Personne ne nous dicte nos interventions.
C’est donc un collectif citoyen qui lutte contre la pédocriminalité sur internet en mettant en ligne des profils d’enfants virtuels, tout en suivant un cadre juridique très précis. J’insiste également là-dessus. Le but est de compromettre numériquement ces prédateurs, de constituer des dossiers qui soient judiciarisables et de les transmettre à la justice pour les faire condamner.
Quel est ce cadre juridique précis dont vous parlez?
On cite souvent trois règles principales: la première est d’utiliser des photos de nous-mêmes rajeunies avec des filtres, afin de ne pas pouvoir nous rendre coupables d’usurpation d’identité, ni d’atteinte au droit à l’image.
La seconde est de ne pas inciter, ni provoquer. On ne fait pas de demande d’amis, ni de harponnage et encore moins de proposition de rendez-vous, contrairement à ce qu’ont pu dire certains médias. Nous devons donc éviter à tout prix l’incitation au délit.
La troisième est que tous les dossiers que nous récoltons sont transmis uniquement à la justice. Il n’est donc pas question de publier les échanges que nous avons avec ces prédateurs – via des messageries privées – sur internet, car ce serait une atteinte à la vie privée.
Les lois sont différentes d’un pays à l’autre, mais en France ça fonctionne comme ça. Je sais qu’en Grande-Bretagne, on peut diffuser publiquement les photos des pédophiles sur le net, en France c’est totalement illégal.
Y a-t-il d’autres règles à suivre?
Parfois, lorsqu’on discute avec un prédateur – il y en a des dizaines, des centaines, un nombre incalculable – cela arrive qu’il nous envoie des fichiers de pédopornographie. Dans ce cas-là, il ne faut surtout pas les garder, ne pas faire de captation et surtout pas de diffusion, ce qui serait condamnable. Il faut les supprimer immédiatement et contacter les autorités en urgence.
On remet souvent en doute la légalité de notre action, comme lorsque l’on a bloqué un prédateur dans un parc de Valencienne (séquence à voir dans Zone interdite ci-dessous, ndlr) avant que la police arrive. Mais l’article 73 du Code pénal nous dit que chaque citoyen témoin d’un crime peut faire une arrestation citoyenne et remettre un criminel à un agent de police judiciaire. C’est ce qu’on a fait à Valencienne et encore on a eu beaucoup de mal pour que la police se déplace. Elle a fini par le faire uniquement parce qu’on lui a dit que les caméras de M6 étaient là.
Ce qui permet un parallèle lourd de sens: lorsque j’ai interpellé le Premier ministre qui allait à la rencontre des habitants lors de son passage à La Réunion, je ne l’ai pas agressé, ni menacé, ni insulté. Mais une heure après, cinq policiers ont débarqué sur mon lieu de travail, devant mon patron, devant mes collègues, pour procéder à un contrôle d’identité.
J’ai refusé de m’y soumettre et je leur ai tendu mes poignets pour qu’ils m’embarquent, expliquant que de nombreux procureurs connaissent mon identité. Mais les choses ont fini par se calmer et les agents ont fini par me dire qu’ils étaient désolés, que leur hiérarchie les avait envoyés. Ils m’ont fait comprendre qu’ils n’étaient pas d’accord avec tout ça. On s’est serré la main et ils sont partis en me félicitant pour ce que je fais.
Le parallèle est intéressant: pour des flagrants délits avec des pédocriminels on ne trouve pas un agent pour se déplacer, mais pour un individu qui pose les questions qui dérangent au Premier ministre, on lui envoie l’escadron derrière.
Que lui avez-vous posé comme question?
Je lui ai d’abord demandé s’il connaissait la Team Moore, ce à quoi il a répondu «oui, oui, oui». Ce qu’on ne voit pas sur la vidéo, c’est que je lui serre la main, comme avec Macron. Parce que je sais très bien que les politiciens ont tendance à fuir et à envoyer leurs gorilles pour nous écarter du chemin lorsqu’on leur pose des questions désagréables.
Donc je lui tenais la main. Et au moment où je lui dis que les plus hautes autorités de ce pays ont déclaré que nous étions des hors-la-loi avec des éléments irrecevables – ce qui représente de la diffamation publique et de la diffusion de fausses informations – là il lâche ma main et fait comme s’il ne connaissait plus.
Mon but était de souligner le fait que ce gouvernement – tout comme les précédents – n’a jamais rien fait en termes de lutte contre la pédocriminalité. Bien sûr, ils nous serviront toujours la petite musique officielle de protection des enfants, mais concrètement, un des grands amis et soutiens politiques de Macron – qu’il voulait même nommer ministre de l’Ecologie – c’est Daniel Cohn-Bendit. Le même qui se vantait sur des plateaux télé en Suisse comme en France d’éveiller la sexualité des mineurs. C’est quelqu’un qui a signé, dans les années 70, une pétition pour légaliser la pédocriminalité. Aux côtés de Gabriel Matzneff et de Jack Lang notamment. (Ainsi que Simone de Beauvoir et Bernard Kouchner, entre autres, ndlr).
Montre-moi qui tue côtoie et je te dirai qui tu es…
Vous avez également interpellé Emmanuel Macron lors d’une de ses visites à La Réunion. Que lui avez-vous dit?
Je l’ai mis face à ses contradictions. Il ne connaissait pas la Team Moore, mais je lui ai demandé s’il trouvait problématique que des citoyens, qui respectaient scrupuleusement la loi, fassent arrêter des pédocriminels. Il m’a dit qu’absolument pas, qu’il soutenait les lanceurs d’alerte tels que nous et que les autorités ne nous avaient jamais traités de hors-la-loi. En trois minutes il m’a balancé cinq ou six mensonges.
Non seulement il me dit que c’est faux lorsque je lui donne des exemples de responsables qui ont conspué notre action, mais en plus il dit à un moment donné «on va changer la loi» m’expliquant que jusqu’à présent on ne peut pas poursuivre quelqu’un qui nous harcèle sur internet. Ça aussi c’est totalement faux. C’est une méconnaissance totale des lois.
Ensuite il a dit que la loi Avia parlait de ces problématiques. C’est totalement faux. A aucun moment cette loi ne mentionne la pédocriminalité.
A la fin, je lui ai demandé s’il s’engageait à la mise en place d’un cadre légal pour que les autorités travaillent conjointement avec ces citoyens. Il m’a dit qu’il existait déjà – ce qui est complètement faux – puis il est parti en m’assurant qu’il se prononçait en faveur de ce cadre légal.
S’agit-il pour vous de mensonges ou de méconnaissance de ces sujets?
C’est un mélange des deux. A la limite je ne sais même pas ce qui est le plus grave. A l’époque, on avait déjà fait les plus gros médias du pays, ça voudrait donc dire qu’il ne sait pas ce qu’il se passe dans son pays.
Finalement, que reprochez-vous concrètement au Président de la République?
Ce n’est pas ma cible, il représente un système. Mon combat à moi n’est pas dirigé contre un chef d’Etat, ni un Premier ministre. Je combats tout un système. Médiatique, juridique, étatique. Tout ce que je dénonce-là n’a pas commencé il y a cinq ans.
Je dénonce le fait que je suis contacté régulièrement par des mères de famille qui ont des preuves médicales accablantes, comme des anus défoncés, et que l’enfant est remis au père. Je veux faire trembler tout un système.
Ce n’est pas un secret que la France est surnommée «Pédoland».
Comment se fait-ce?
On est quand même un pays où tu allumes ta télévision et tu as des Jack Lang, des Cohn-Bendit, etc. invités sur des plateaux télé qui font la morale aux Français. Comment peut-on expliquer ces choses-là?
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Ce qui tend également à prouver que cette problématique est largement négligée?
Evidemment. J’avais demandé à Macron à l’époque s’il trouvait normal qu’il n’y ait que 20 cyberpatrouilleurs dans la police nationale pour tout le pays – en sachant qu’ils travaillent sur toutes les cybercriminalités confondues – quand on arrive à mobiliser 1500 policiers et gendarmes en quelques jours pour sa venue.
«Aucun moyen n’est alloué à la lutte contre la pédrocriminalité»
Rien que ces chiffres démontrent toute l’ampleur du problème: aucun moyen n’est alloué à la lutte contre la pédocriminalité. Il n’y a qu’à prendre les présidentielles comme exemple: nous avons 160’000 victimes par an en France. Aucun de nos douze candidats à la présidentielle ne s’est servi de son temps de parole pour aborder la question de la pédocriminalité.
On sait pertinemment qu’en France, en Europe, aux Etats-Unis, il y a des réseaux de pédocriminels dont les affaires ont été étouffées.
La Team Moore va fêter ses trois ans, mais moi je dénonce tout cela depuis une décennie. Je me demande où on en est concrètement et pourquoi on n’avance pas. On connaît Epstein, Maxwell, le Prince Andrew, mais où sont les autres?
Ce combat devrait pourtant couler de source. Comment peut-on expliquer un tel désintérêt?
Combien de gens sont impliqués là-dedans? Quels sont les niveaux d’implication? La véritable question est là. A l’époque de l’affaire de Zandvoort – où on parle quand même de clichés d’enfants enchaînés, torturés – on sait que ces photos ont été achetées par des gens influents, importants, qui ont été protégés.
Oui mais au-delà de ceux qui sont impliqués directement, comment expliquer le désintérêt pour les autres? Par exemple, ma grosse enquête sur la pédocriminalité est un des articles les moins lus de L’Impertinent. Alors que, quelque part, on a tous les «ingrédients» pour vendre une histoire: le scandale, le sexe, la violence… Comment expliquer que ça n’intéresse pas davantage?
Parce que c’est un sujet qui fait peur. Beaucoup de gens estiment qu’il s’agit de théories du complot ou de paranoïa, même face à des éléments irréfutables.
J’ai envie de leur dire: étudiez le dossier de Zandvoort en Belgique, de Jimmy Saville en Angleterre, d’Epstein aux Etats-Unis et dites-moi que tout va bien, qu’il n’y a aucun questionnement à soulever. Cela fait peur aux gens.
N’y a-t-il pas aussi une part de déni face à une réalité beaucoup trop insupportable à imaginer?
Bien sûr. Il n’y a qu’à voir les commentaires reçus sur nos pages. D’ailleurs nous avons été censurés des dizaines de fois par Facebook. Alors que nous ne postions ni photo, ni appel à la haine, rien de répréhensible.
Pourquoi?
Aucune idée! Et je ne parle pas d’être bloqué pendant quelques jours, je parle de suppression de pages qui allaient parfois jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’abonnés. Ma dernière page avant la Team Moore affichait des statistiques d’audience de 3 millions par semaine. Facebook n’a jamais expliqué la fermeture de ces pages.
Par contre, lors de cette dernière fermeture, j’avais une carte inédite: beaucoup de contacts de médias. Certains d’entre eux ont donc contacté Facebook pour obtenir des explications et quelques jours après mes pages ont réapparu. Ce qui ne m’était jamais arrivé avant. Par contre, désormais nos publications sont quasiment masquées.
Il faut savoir qu’il existe sur Facebook des groupes de pédociminels qui s’échangent des fichiers en toute impunité. De plus, l’algorithme de Facebook met en contact des mineurs et des pédocriminels multirécidivistes. On entend souvent lors des procès le prévenu expliquer qu’il a rencontré l’enfant grâce à «une suggestion de Facebook».
Ce sont des faits que j’ai dénoncés sur Sud Radio, Kombini et dans le Nouvel Observateur. Facebook ne m’a jamais poursuivi pour diffamation et n’a même jamais démenti mes propos. Ils savent très bien que j’ai des preuves de tout cela et que je n’attends qu’une confrontation pour pouvoir les sortir.
Qu’attendez-vous des forces de l’ordre à l’heure actuelle?
De pouvoir travailler avec elles. Ça se passe mieux maintenant qu’au début, mais ça dépend des coins.
Lors d’une conférence donnée à l’Université Panthéon Assas Paris II – qui est notre meilleure intervention jusqu’ici selon moi – on a pu expliquer et définir ce qu’on faisait face aux plus grands experts de la justice, de la police et de la gendarmerie. A la fin de cette intervention on montre une carte de la France, avec des points verts pour indiquer les parquets qui travaillent avec nous. Les points oranges montrent là où la collaboration est plus compliquée et les points rouges, là où on a carrément un refus de collaboration.
On met de plus en plus de points verts sur la carte.
Croyez-vous que leur refus vient du je-m’en-foutisme ou est dû à un véritable problème de moyens?
Ça dépend. On a été confrontés aux problèmes d’égo. Certains nous disent clairement que ce n’est pas à nous de faire ça, qu’eux connaissent leur travail. Pour l’histoire de Valenciennes, j’ai dit aux autorités: «On a coincé un pédophile sur site. Ce Monsieur est dans un parc en train de prendre des photos et des vidéos d’enfants, il a menacé de mort la première fausse petite fille avec qui il discutait en ligne et il en a contacté une deuxième. Heureusement, fausse elle aussi». Le gendarme a très mal réagi. Il était en train de me hurler dessus.
Vous deviez être invité sur le plateau de Touche pas à mon poste et votre passage a été annulé au dernier moment. Que s’est-il passé?
Un des journalistes de Cyril Hanouna m’a contacté après ma confrontation avec Macron, qui avait été diffusée sur YouTube, pour m’inviter sur le plateau. Tous frais payés.
Quelques jours après, on sort la vidéo montage de la même confrontation, qui s’appelle La team Moore et les mensonges des autorités. Dans celle-ci, on a ajouté des coupures et des sources pour démontrer où il a menti. Peu après, ils annulent ma venue, disant que le sujet avait changé.
Sauf qu’on a vérifié dans le programme de l’émission et il n’y avait eu aucun changement.
Ce qu’il faut savoir – et ce n’est pas un secret – c’est qu’Hanouna est un copain de Macron. TPMP l’a toujours plus ou moins soutenu. Je pense qu’ils ont eu peur, car ils savaient qu’ils ne pourraient pas contrôler nos propos sur un plateau de télé en direct.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans un tel combat, il y a dix ans de cela?
J’étais un jeune papa et j’ai naturellement commencé à m’informer sur le sujet. Certains pensent que je suis une ancienne victime, mais ce n’est pas le cas. J’ai connu d’autres traumatismes, mais pas celui-là.
Ce qui m’a mis le doigt dans l’engrenage, c’est quand j’ai commencé à découvrir les documentaires de Karl Zéro, puis celui d’Elise Lucet, Viol d’enfants, la fin du silence. Dix ans après, on était dans son émission, Envoyé spécial, c’était dingue pour moi.
Tous ces trucs-là m’ont amené à me demander comment c’était possible que l’on cache tout cela à l’opinion publique.
Cela ne vous étonne pas que vous ne soyez pas plus nombreux?
Je pense qu’on l’est, mais beaucoup sont dans l’ombre, comme je l’ai été pendant dix ans. A balancer de l’info comme je le pouvais.
A un moment donné, mon ordinateur m’a lâché, je devais donc aller au cybercafé – qui coûte un bras à La Réunion – pour pouvoir faire mes recherches et diffuser les infos que je trouvais. Ça veut dire qu’il y avait des jours où je devais choisir entre manger et diffuser des infos sur internet pour essayer de sensibiliser les gens à tout ça.
Au bout de dix ans, comme je savais ce qu’il se passait en Angleterre, je me suis dit qu’on pouvait le faire en France. Qu’il suffisait d’adapter tout cela à la législation française. J’ai attendu un an que quelqu’un d’autre le fasse et vu que ça ne venait pas, je l’ai fait.
Combien êtes-vous dans la Team Moore?
Une cinquantaine à travers le monde, mais il y a un noyau dur d’une quinzaine de personnes. Certains ne sont là que périodiquement pour nous aider sur des affaires précises.
Ça dépend des périodes, il y a un gros turnover. Et puis ce n’est pas une activité qu’on peut faire sur le long terme. C’est ultra-usant. Certains font ça six mois, un an ou plus, d’autres continuent le combat d’une autre manière en modifiant l’angle d’attaque. C’est ultra difficile ce qu’on fait, j’ai vu des gens craquer.
Quand on voit une vidéo d’un viol de bébé, c’est infiniment difficile psychologiquement.
Vous êtes tous bénévoles?
Oui, bien sûr. Comme je le disais j’ai refusé le statut d’association, et toutes les subventions qui vont avec, pour ne pas qu’on puisse nous accuser de faire ça pour l’argent. Au contraire, on perd de l’argent. C’est pas évident, on a des frais parfois, les gens ne s’en rendent pas compte. Quand le parquet te demande le dossier en format papier, alors qu’il s’agit de conversations qui ont duré 3-4 mois… il faut l’imprimer tout ça!
Les déplacements, les confrontations ont un coût, les gens n’habitent pas forcément sur place. Il y a des frais de transport que l’on paie de notre poche. Mais nous sommes tous des travailleurs, on a tous un boulot à côté.
On a même eu un policier qui a rejoint notre équipe, parce qu’il trouvait que notre formation était plus complète que celle de la police, qui dure moins d’une semaine (contre un mois en moyenne pour la nôtre). On a des demandes d’intégration au groupe tous les jours.
On n’explique jamais notre méthode dans les détails, pour des raisons évidentes.
A combien d’arrestations de pédocriminels avez-vous participé?
Dans mon groupe, 60.
Parmi ces 60 arrestations, combien ont été condamnés? Y a-t-il un laxisme de la justice à ce sujet?
Complètement. Nous en sommes à la 22ème condamnation officielle. Mais, ce qu’il faut savoir, c’est qu’on ne nous donne pas toujours les suites des affaires. Comme ce sont des signalements et non des plaintes, ils ne sont pas tenus de nous tenir au courant.
Dans ces 22 condamnations, certains ont pris de la prison ferme, d’autres du sursis. Ils sont tous fichés en tant que prédateurs sexuels, avec l’interdiction de travailler avec des enfants.
Je dois préciser que lorsque j’ai dit 60, je parlais de mon équipe. Si on cumule toutes les équipes, on arrive à 150 interpellations.
Et puis il y a tous les à côté. Les conseils que l’on donne aux victimes ou à leurs proches qui nous interpellent. On a non seulement inspiré des gens à faire ce qu’on fait, mais également lancé un mouvement et offert une réponse à ceux qui en demandaient. C’est pourquoi les résultats sont inquantifiables.
En Suisse, Fedpol a décidé récemment, sur demande des cantons, de ne plus les épauler dans les enquêtes concernant la cyberpédocriminalité. Ils veulent gérer les choses seuls, sans cet appui national. Selon votre expérience, est-ce une bonne idée?
Le problème que vous soulevez est le même que celui que l’on dénonce en France: comment se fait-il que la réponse soit aussi différente d’une ville, d’un département à l’autre? C’est le même problème en Belgique. Il y a trop de pouvoir dans les mains d’un seul homme: le procureur. Ce n’est pas normal.
Comment est-ce possible que, pour les mêmes faits, on puisse condamner des gens à plusieurs années de prison, quand d’autres prennent du sursis?
Quand j’ai commencé tout seul, on m’a vite menacé de poursuites, de prison. Mais mon but était de créer une armée. Et aujourd’hui, on a formé plusieurs centaines de personnes qui gèrent désormais des structures autonomes. Ça reste une petite armée, mais c’est une armée qui fonctionne, qui travaille.
La Team Moore est une vitrine. Un modèle. Le but était de créer un mouvement citoyen. Mon objectif était d’être un messager, de montrer qu’une telle mobilisation est possible.
La peur doit changer de camp. Pour les enfants.
Source : l’impertinent media