Pendant plusieurs mois, Brigitte Macron a été la cible d’une fausse information relayée des dizaines de milliers de fois sur Internet. Une polémique, diffusée par une partie de l’extrême droite et des internautes antisystème, qui éclaire les dynamiques politiques à l’œuvre sur les réseaux sociaux.
« Vous avez été victime des réseaux sociaux : récemment, on a dit que vous étiez un homme ! » Alba Ventura n’avait sans doute pas imaginé qu’elle prononcerait un jour ces mots face à l’épouse d’un président de la République. C’était le 14 janvier, à l’antenne de la radio RTL. Brigitte Macron est interrogée par la journaliste sur le harcèlement scolaire, l’une des priorités de son action à l’Elysée, et commente pour la première fois la fausse information qui court sur elle depuis plusieurs semaines.
Effectivement, « on a dit » que Brigitte Macron serait en fait son frère, Jean-Michel Trogneux. Une vidéo consultée plus de 400 000 fois sur YouTube le clame ; à la mi-décembre 2021, le sujet est apparu parmi les sujets les plus discutés sur Twitter pendant deux jours. « C’est qui, ces gens ? », demande Alba Ventura. « Il y a trois niveaux, distingue alors Brigitte Macron. Le premier niveau, ce sont des émetteurs. En l’occurrence, là, ce sont des femmes. Des émetteurs qui me poursuivent apparemment depuis longtemps – je ne sais pas, je n’y vais pas [sur les réseaux sociaux]. Ensuite, il y a ceux qui relaient et qui amplifient, et il y a, bien évidemment, les hébergeurs », soient les plates-formes elles-mêmes.
Les « émetteurs », que la première dame accuse d’avoir « changé [son] arbre généalogique », se résument au départ à une seule personne : Natacha Rey. Sur la page Facebook de cette internaute, les messages sous-entendant que Mme Macron serait un homme remontent au début du mois de mars 2021. En septembre, elle cosigne avec le directeur de la publication de la revue d’extrême droite Faits et documents, Xavier Poussard, une « enquête » relayant le même ragot. Ils s’appuient entre autres sur l’absence de médiatisation de M. Trogneux pour mettre en doute son existence même et suggèrent, dans une mécanique typique du complotisme, que le refus de Brigitte Macron de communiquer des éléments sur sa vie privée fait partie d’une stratégie mise en place pour cacher au grand public la vérité qu’ils prétendent détenir.
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