Fondée en Seine-Maritime, dans la région de Rouen, la Team Eunomie continue son action. Ce collectif citoyen d’internautes, devenue une association en 2021, débusque les pédocriminels en ligne.
Leur mode d’action n’a pas changé. Pour Shiva, son fondateur qui préfère garder l’anonymat, il ne s’agit pas de « traquer » les pédophiles mais plutôt de les « intercepter », comme il nous l’expliquait déjà en juillet 2020.
« On lance un hameçon »
Le travail des membres de cette « team » est toujours le même : créer un faux profil d’enfant ou d’adolescent sur les réseaux sociaux et attendre.
On lance un hameçon, ensuite on voit si ça mord.
Si une personne suspecte prend contact avec le faux profil, les membres de l’association agissent de manière passive. Ils se contentent simplement de recueillir un maximum de preuves et d’informations sur l’individu.
À aucun moment ils n’entrent directement en contact avec les potentiels pédocriminels. Et ils ne font, bien sûr, pas justice eux-mêmes.
Des méthodes qui ne font pas l’unanimité
Chaque dossier complet, qui prend la forme d’une saisine de gendarmerie, est déposé directement auprès d’une brigade spécialisée mais est aussi envoyé au procureur de la République de la juridiction dont est originaire le malfaiteur.
Cependant du côté des forces de l’ordre, la pratique ne fait pas toujours l’unanimité. En 2020, le commissaire Philippe Guichart de l’OCRVP (Office central de répression des violences aux personnes), l’organisme en charge de ce genre d’affaires, nous répondait sans détour sur les collectifs de cette nature.
C’est chacun son métier. Notre travail est fait par des pros, c’est très encadré et ça devient complètement contreproductif que des citoyens se mettent à faire ça en amateur. Ils peuvent tomber sur n’importe qui, c’est dangereux.
Même si les actions de la Team Eunomie ne sont pas illégales, le commissaire les jugeaient à l’époque « immorales et hors-la-loi quand même ».
102 condamnations depuis la création de la Team
Mais Shiva, lui, reste persuadé que son travail est bénéfique. D’ailleurs, depuis la création de son collectif en décembre 2019, 102 condamnations ont été prononcées contre des pédocriminels à la suite de signalements de son équipe. « La preuve que ça marche », lance-t-il.
En ce moment, lui et la trentaine de membres qui l’accompagnent en sont à près de « 3 000 dossiers en cours », plus ou moins avancés. Et le volume augmente « de mois en mois », poursuit-il.
Sensibilisation auprès des plus jeunes
Père de famille et lui-même victime dans son enfance, Shiva fait de ce combat « un exutoire » pour rendre le monde un peu meilleur et protéger les plus jeunes. Depuis le passage de la Team Eunomie en association loi 1901, l’ancien collectif est régulièrement présent sur le banc des parties civiles dans des procès de pédocriminels.
Par ailleurs, cette nouvelle forme juridique permet à l’équipe d’intervenir en milieu scolaire. Récemment, Shiva s’est rendu dans un collège de Normandie pour donner ses conseils pour bien se protéger en ligne.
En l’occurrence, éviter d’échanger avec le moindre inconnu, ne jamais envoyer de photo de soi ou encore garder son profil privé. Et pour aller plus loin, la Team Eunomie va aussi dispenser une formation avec l’IFASSI (Institut Français de l’Accompagnement pour la Santé Sexuelle Infantile) auprès des parents, pour les former aux bonnes pratiques pour que leurs enfants puissent s’ouvrir à eux et leur parler d’éventuels dangers.
Enfin prochainement, la Team Eunomie fera partie d’un épisode de l’émission de France TV Infrarouges. Les initiatives ne manquent pas et la Team Eunomie, désormais présente en France mais aussi en Belgique, en Suisse ou encore au Canada, compte bien poursuivre son combat et faire en sorte que la peur change de camp.
Source : Actu.fr