Tout compte fait, Amazon va licencier bien plus que ce qu’il escomptait fin 2022. Après avoir supprimé près de 10.000 postes en novembre, le champion de l’e-commerce va ajouter 8000 licenciements supplémentaires en ce mois de janvier, aux États-Unis comme en Europe. « J’avais souligné en novembre que nous n’avions pas encore terminé notre processus de planification annuel et que d’autres suppressions de postes pourraient être décrétées début 2023 », écrit dans un communiqué Andy Jassy, directeur général du groupe. Les salariés devront prendre leur mal en patience : ils ne seront pas informés de leur sort avant le 18 janvier. Mais Amazon a souhaité réagir au scoop publié quelques heures plus tôt dans le Wall Street Journal. « L’un de nos collaborateurs a divulgué cette information, et nous avons décidé qu’il était préférable que vous puissiez entendre les détails directement de ma bouche », poursuit Andy Jassy.
Ce plan est le plus important de l’histoire d’Amazon, mais aussi le plus gros enregistré ces douze derniers mois dans l’industrie de la tech. La première vague avait touché le département appareils connectés, qui regroupe les liseuses Kindle mais aussi l’assistant vocal intelligent Alexa. Une enquête du média Business Insider a dévoilé le mois dernier que cette division était un gouffre financier pour Amazon, avec près de 10 milliards de dollars de déficit cette année. L’un des responsables est l’enceinte connectée Echo, un grand succès commercial qui ne dégage pourtant pas de bénéfices à cause d’une stratégie commerciale inadaptée. Echo est utilisée pour diffuser de la musique et consulter la météo, et non passer des commandes en ligne comme l’espérait Amazon.
L’e-commerce déficitaire
La deuxième vague de licenciements concerne cette fois-ci les ressources humaines et surtout le cœur d’Amazon : la division dédiée au commerce, en ligne ou bien physique. Les ouvriers des entrepôts sont épargnés par cette coupe franche, qui va par contre toucher les cols blancs. Ces 18.000 suppressions de postes représentent 6 % des 300.000 emplois de bureau du groupe Amazon, qui emploie un total de 1,5 million de personnes si on y ajoute le personnel des centres de distribution.
Amazon a été l’un des grands bénéficiaires de la pandémie de Covid-19. Confinés, les consommateurs ont davantage commandé sur son célèbre site d’e-commerce pour se fournir en produits non essentiels. Cette situation a conduit le groupe à investir sans compter : sa masse salariale a doublé en deux ans, et son nombre d’entrepôts a également grandi sur cette période. Il pariait alors que les habitudes prises durant la pandémie allaient s’inscrire dans la durée.
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Mais 2022 a marqué un retour de balancier, alors que les magasins traditionnels ont rouvert leurs portes et retrouvé leur clientèle. L’effet sur les comptes d’Amazon est cinglant. Sur le trimestre juillet-septembre, son site d’e-commerce a perdu 400 millions de dollars aux États-Unis, contre 900 millions de profits un an auparavant. Dans le reste du monde, les pertes d’exploitation de la branche commerce sont passées de 900 millions à 2,5 milliards de dollars. Le groupe ne s’est pas montré très optimiste pour le pourtant lucratif trimestre de la fin d’année, avec une croissance attendue de 2 % à 8 %, un chiffre lilliputien pour ce groupe. En un an, la valorisation boursière d’Amazon a dévissé de moitié.
« Amazon a déjà surmonté des contextes économiques difficiles par le passé et nous continuerons de le faire, a voulu rassurer Andy Jassy. Les entreprises qui durent passent par différentes phases. Elles ne recrutent pas intensivement chaque année. » Le groupe annoncera ses résultats annuels, ainsi que ses perspectives pour 2023, le 1er février.
Source : Le Figaro.fr