Après le 11 Septembre et sa version officielle, c’est aujourd’hui l’existence même de François Bayrou que Mathieu Kassovitz remet en cause. Interview d’un esprit calciné.
RICARD BURTON : Mathieu Kassovitz, une fois n’est pas coutume, vous avez réussi à faire parler de vous suite à une nouvelle diarrhée verbale. Ce besoin de publicité, était-il lié à la sortie en DVD de votre dernier film « L’Ordre et La Morale » dont personne n’a entendu parler à part ses producteurs ?
MATHIEU KASSOVITZ : Je veux juste me rappeler aux bons souvenirs des mecs de banlieue. Ce n’est pas parce que je vis dans le septième arrondissement de Paris, que je fais mes courses au Bon Marché, que je m’habille chez l’Eclaireur et que je roule dans un Range Rover Sport 5.2 jaune que j’ai oublié d’où je viens.
RICARD BURTON : Et vous venez d’où pour contenir tant de rage dans un corps si rabougri ?
MATHIEU KASSOVITZ : Je viens de Paris, mais je viens du Paris qui a mal… du Paris qui se souvient et qui n’oubliera jamais. Je viens du Paris de Charonne, du Paris d’Hilton. Je n’ai pas besoin de m’exprimer avec des fautes d’orthographe, faire parti d’une bande de lascars, pour dire que je soutiens mes frères de galère, ceux qui vivent dans la misère.
RICARD BURTON : Vous avez fait diverses déclarations sur Twitter, toutes plus inquiétantes les unes que les autres. Par exemple lorsque vous dites : « Je m’en fou des Césars… je devrais faire des films plus simples ». Vous êtes sérieux ? Comment faire pourtant plus simple que Gotika ? Plus primitif que Babylon A.D ? Plus superficiel que Les Rivières Pourpres ?
MATHIEU KASSOVITZ : Je veux être vu par le plus grand nombre et comme le plus grand nombre est un sac à foutre alors je fais des films dont le scénario tiendrait dans un Kinder Surprise pour ne pas semer le plus grand nombre celui qui, par exemple, croit qu’en votant à gauche aux prochaines élections, que leur vie sordide changera.
RICARD BURTON : Certains critiques parlaient de vous comme le prochain Spike Lee, le nouveau Scorsese. Comme nous, vous y avez cru ou vous avez été toujours lucide concernant vos réelles capacités à n’incarner finalement que la doublure lumière blafarde de ces réalisateurs suscités ?
MATHIEU KASSOVITZ : Je n’ai jamais entendu parler de ces mecs dont vous tchatchez. Ils font quoi ? Des films d’entreprise ? Ils vendent des ceintures dans le sentier ?
RICARD BURTON : Pour revenir à vos déclarations fracassantes sur Twitter, vous avez aussi dit que vous enculiez tout le monde à part quelques noms dont celui de Sylvie Testud qui, quand on voit ne serait-ce que l’affiche de son nouveau film, très Marionnaud et son casting, n’a pas hésité à vous enculer bien à sec en vous faisant apparaître dans un nouveau navet à ajouter à votre filmo. Pourquoi donc vous amusez-vous à suivre la courbe de la crise financière en vous enfonçant vous aussi dans les abysses de l’indigence ?
MATHIEU KASSOVITZ : Et quid de Vincent Cassel ? Il fait quoi aujourd’hui à part engrosser son gnocchi de sa blanche farce phosphorescente ? Notre génération, celle des casseurs, elle est sacrifiée. Il faut faire de l’art comme on rentre dans la Résistance, à quinze ans. Après on s’émousse, on s’embourgeoise, on ne vit que pour la glorification du plus fort. Je pensais avoir des choses à raconter mais après La Haine, je me suis rendu compte que là où je m’exprimais le mieux, c’était sur Skype où je rigole bien avec mon pote Jean-François Copé. On traite tout le monde de pédé, c’est relax. On se fend bien la nouille.
RICARD BURTON : Vos prochains projets tourneront autour de quoi ?
MATHIEU KASSOVITZ : J’aimerais faire un remake de Barry Lyndon.
* Interview réalisé avec Mathieu Kassolette