Le gouvernement envisage d’autoriser la police et la gendarmerie à pratiquer des tests salivaires dans la rue, pour détecter les fumeurs de cannabis. Une idée qui fait déjà débat dans la majorité. Depuis que le Premier ministre, Gabriel Attal, l’a évoqué en petit comité, selon nos informations, lors d’un dîner mardi soir avec quelques parlementaires à Matignon, “ça a fait l’effet d’une bombe” témoigne une participante, qui n’était pas la seule à exprimer sa surprise autour de la table.
Aujourd’hui, les policiers pratiquent ces tests lors de contrôles routiers, pour détecter la drogue au volant, mais pas sur n’importe quel passant, dans la rue. C’est pourtant bien l’idée sur laquelle le gouvernement avance. Plusieurs sources évoquent des annonces en préparation pour la semaine prochaine.
C’est le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui avait été le premier à évoquer cette piste lors d’un déplacement à Lyon le 21 mars. Cité par Libération, il envisageait « de généraliser la possibilité, sous l’autorité du procureur de la République, de faire des tests salivaires pour tout le monde sur la voie publique par des policiers et des gendarmes.
Mais l’idée interroge dans le camp présidentiel. L’autorité, l’ordre, oui, mais attention aux effets d’annonces craignent certains notamment si cette mesure est inapplicable. “Je ne vois pas comment un policier arrête des gens dans la rue comme ça”, réagit un député. “Légalement, ça ne tient pas”, estime-t-il.
Vif débat au sein de la majorité
Parmi les participants au dîner de mardi, une ne cache pas ses doutes. “Un certain nombre de députés ont dit que c’était ‘touchy’. Il faut voir les tenants et aboutissants, mais si c’est faire comme ça des tests dans la rue, je n’y suis pas très favorable”, pointe-t-elle.
De fait, plusieurs magistrats contactés par RMC ont les mêmes questionnements sans compter les limites de ces tests, qui détectent tout autant le CBD, qui lui est bien légal. Selon une magistrate questionnée par RMC, “c’est une idée complètement loufoque”.
“A priori, c’est n’importe quoi, il faut des mesures coercitives pour obliger quelqu’un à pratiquer un test salivaire. Or qui dit mesure coercitive, dit infraction pénale”, détaille-t-elle.
Bref, dans la majorité, on anticipe déjà un casse-tête et un vif débat. Le gouvernement lui assume de vouloir serrer la vis sur les consommateurs. Une annonce qui va à l’opposé de la légalisation décidée en Allemagne, mais aussi au Canada, où Gabriel Attal vient justement d’atterrir.
Source : RMC