Gretta Fenner, directrice du Basel Institute on Governance – un centre de compétence spécialisé dans le rapatriement des fonds volés et dans la lutte contre la corruption mondiale – est décédée dimanche dernier dans un accident la route à Nairobi, au Kenya. Elle était considérée comme une championne de la lutte contre la corruption.
«Des centaines d’hommages à la vie et au travail de Gretta Fenner affluent de tous les coins du monde, des gouvernements, de la communauté internationale et des innombrables combattants de la corruption qu’elle a inspirés et dont elle a contribué à changer la vie», réagit auprès du Temps Peter Maurer, ancien président du Comité international de la Croix-Rouge et aujourd’hui président du Basel Institute on Governance.
Travail salué de par le monde
«Ils confirment ce que ses proches savaient déjà: Gretta Fenner est irremplaçable dans la communauté anticorruption. L’héritage qu’elle a laissé par son engagement personnel et par l’intermédiaire de l’Institut de Bâle sur la gouvernance est solide. Il permettra à beaucoup d’autres de suivre son sillage et de poursuivre son combat pour un monde meilleur», poursuit-il, ajoutant qu’une enquête, menée par les autorités locales, est en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’accident.
Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie, le Basel Institute aide l’Ukraine à rapatrier les fonds de l’Etat qui ont été transférés illégalement.
Le décès de Gretta Fenner a été confirmé sur les réseaux sociaux par des membres de sa famille. Elle était une force extraordinaire dans la lutte contre la corruption, tant sur le plan personnel que par le biais de l’institut qu’elle a créé, ont-ils indiqué. Depuis l’invasion russe en Ukraine en février 2022, Gretta Fenner a notamment attiré l’attention sur les sociétés écrans imbriquées de nombreux Russes, qui constituent un obstacle quasi insurmontable pour les autorités de poursuite pénale ou les personnes chargées de la lutte contre la corruption.
«Si les structures de fortune s’étendent sur le monde entier, cela freine les enquêtes, car les autorités ne peuvent pas échanger des informations aussi rapidement au niveau international, expliquait-elle au Tages-Anzeiger. De telles tactiques donnent aux personnes sanctionnées exactement le temps dont elles ont besoin pour mettre leurs richesses en sécurité.» Née en 1975, Gretta Fenner était aussi directrice du Centre international pour le recouvrement des avoirs. Elle a dirigé l’organisation de 2005 à 2008 et de 2011 à avril 2024.
Source : letemps.ch