Non, ce n’est ni un poisson ni un poison d’Avril. Diane qui se présente comme « médium et anarchiste » a eu cette nuit le coup de téléphone le plus surréaliste de sa carrière. En effet, le Président de la république française a demandé à cette voyante de la rencontrer au plus vite. Le rdv est pris. Il aura lieu dans le sud de la France la semaine prochaine. Emmanuel Macron va lui envoyer son chauffeur personnel et va même lui offrir une bouteille de champagne pour la remercier. Mais le plus surprenant c’est ce que dévoile Diane dans sa vidéo de plus de vingt minutes sur les questions occultes d’Emmanuel Macron.
https://www.youtube.com/watch?v=EpCVTNDTFM4
En même temps, les hommes politiques et leurs voyantes c’est une longue histoire. On se souvient d’Elisabeth Teissier, qui en 2000, dévoilait ses conversations secrètes avec François Mitterrand sur ce sujet.
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Tout au long de l’histoire du monde, depuis la plus lointaine antiquité jusqu’à nos jours, des voyants, mages ou astrologues ont conseillé nos dirigeants. En 1988, Maud Kristen, une voyante célèbre, évoquait déjà ainsi les hommes politiques venus frapper à sa porte : « Y’a ceux qui sont mûrs par rapport à l’irrationnel qui cherchent pas seulement à savoir s’ils vont gagner tel ou tel jour mais qui cherchent à savoir quelle tournure va prendre leur parti ? Comment ça va se goupiller dans les années qui vont venir ? Et puis, il y a ceux qui viennent dans un état de stress, ce qui n’est plus de mon ressort, je vous le dit clairement. Puis qui attendent que je leur donne carrément un chiffre de voix. Je leur explique bien que la voyance c’est pas ça… »
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En juin 2000, la célèbre astrologue décidait de diffuser ses conversations avec François Mitterrand entre 1990 et 1995 comme le rapportait l’INA, époque à laquelle il dirigeait la France. C’était pour elle un moyen de démontrer au grand jour l’importance de l’astrologie en politique.
Durant ces cinq années Elisabeth Teissier affirmait s’être rendue régulièrement à l’Elysée pour des rendez-vous secrets. En publiant ces conversations, elle voulait démonter les rumeurs qui lui attribuaient une liaison avec le président et prouver qu’il s’intéressait bel et bien à l’influence des astres. Des affirmations que l’astrologue prouvait en confiant à Karl Zéro trois enregistrements où on entend le président la solliciter à propos de Maastricht, à propos de la guerre du golfe ou à propos de la date idéale pour intervenir devant les Français.
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Elle expliquait alors : « J’ai vu par les faits qu’il avait tenu compte de mes conseils ou mes suggestions puisque après je voyais qu’il parlait tel jour que je lui avais signalé comme étant bon et qu’il ne parlait jamais lors des jours que je lui avais signalé comme étant négatifs. »
Elisabeth Teissier soulignait qu’elle avait enregistré ces échanges en accord avec le président.
L’astrologue du général de Gaulle
Les étoiles et les leaders, c’est donc une très vieille histoire. En août 2000, Le Nouvel Observateur retrouvait l’astrologue du général de Gaulle, le commandant Maurice Vasset, militaire de carrière et astrologue à ses heures, il dressa le thème astrologique du général dès 1944, date à laquelle ils se rencontrèrent pour la première fois.
Au micro de Laëtitia Gayet, l’ancien militaire lit quelques lignes de son portrait astrologique : « Un homme fort, ambitieux, autoritaire, volontaire, très indépendant et pourtant pourvu d’une très grande sensibilité… A chaque fois que je l’ai vu en uniforme, il m’a serré la main et demandé certaines petites choses… ça a toujours été entre nous. Moi et lui. Tout le temps. Et très peu, éphémère, rapide, succin. »
Pour le référendum de 1969, de Gaulle demande l’avis de Vasset : « En tant qu’astrologue, je lui disais, voilà moi, le référendum je ne le vois pas. J’ai fait la carte du ciel mais vous ne devriez pas partir. Et il a quand même fait ce qu’il voulait. » Les deux hommes n’étaient pas d’accord et ne se sont jamais revus. (2 août 2000, France Inter, audio)
Madame Fraya, la chiromancienne des plus grands
Avant cela, à partir de 1914, une autre femme prédisait l’avenir aux grands du pays. Cette femme c’est Madame Fraya. Ses consultants : des grands noms tels Jean Jaurès, Aristide Briand, Georges Clemenceau ou Raymond Poincaré… Madame Fraya est chiromancienne. Elle lit les lignes de la main.
En 1984, ce reportage de l’émission Un temps pour tout dresse le portrait de cette voyante pas comme les autres. On y retrouve notamment la journaliste Simone de Tervagne qui a écrit sur elle à l’aide de deux mediums (Marie Védrine, Jacqueline Lebeau) qui sont entrées en contact, notamment par l’écriture automatique, avec Madame Fraya qui repose au Père Lachaise.
Mais écoutons la voix de la chiromancienne. En 1947, Michel Robida et Michel Droit se rendent chez elle pour qu’elle leur décrive son art. Elle explique sa pratique de la lecture des mains, l’évolution de ses lectures avec le temps. Elle décrit l’évolution du rôle des femmes dans la société, l’importance de l’imprévu dans la vie depuis la guerre. Les signes dans une main qui indiquent une arrestation. Elle prédit les futures relations entre les peuples, pleines d’anxiété mais sans catastrophe à redouter et termine par le destin de la France qu’elle voit merveilleux. « La France se sortira toujours d’affaire ». (Audio)
Dans cette autre interview de 1949, celle qui lit les lignes de la main, raconte comment elle prédit à la sœur de l’Empereur d’Allemagne le prochain conflit ou comment elle annonça à Anatole France qu’il allait tomber malade. (Audio)
Mademoiselle Lenormand, de Louis XVI à Napoléon…
Avant elle, une célèbre cartomancienne présida secrètement au destin de la France. Une certaine Mademoiselle Lenormand (1772-1843).
Ce reportage de 1992 nous présente le portrait de cette femme originaire d’Alençon, qui fut la « Sybille de Joséphine et côtoya Bonaparte« . Elle prédit la gloire et la renommée de Napoléon mais aussi sa chute. Elle tirait les cartes à l’épouse de l’Empereur Joséphine et lui prédit qu’elle connaîtrait la gloire mais aussi qu’elle verserait beaucoup de larmes. Elle racontait qu’elle avait été emprisonnée pour avoir prédit la mort de Louis XVI. Elle fut la première femme à écrire au roi pour demander l’abolition de la peine de mort. Elle mettra au point son propre tarot, encore utilisé aujourd’hui. Elle qui avait prédit sa propre mort à 108 ans mais quitta ce monde à 75 ans et repose toujours au Père Lachaise à Paris.
Pour aller plus loin
Rencontre : Simone de Tervagne à propos de son livre Les hommes politiques et leurs voyants (22 octobre 1978 Patrice Galbeau, F Culture)