Bernard Arnault, deuxième fortune mondiale et patron de LVMH, apparaissait déjà aux détours des Paradise Papers, une fuite de données du cabinet d’affaires Appleby spécialisé dans les montages offshore, obtenue par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung et mise à disposition du Consortium International des Journalistes d’Investigation.
En explorant ces données, les journalistes du Monde ont découvert que Bernard Arnault était le bénéficiaire de Bessington Investments Limited, une société immatriculée sur l’île de Jersey. En 2000, cette société acquiert un terrain de 129 hectares au Nord de Londres.
Suite à l’échec d’un premier projet de « maison », le terrain est temporairement mis en vente pour 10 millions d’euros selon le journal Le Monde. Cependant le propriétaire finalisera la construction en 2011, plus de dix ans après l’acquisition du terrain.
L’un des architectes du projet estime le coût des travaux à plus de 3 millions de livres (3,4 millions d’euros). Suite à cette découverte, se pose la question du montage autour de ce terrain.
Pourquoi être passé par une société enregistrée à Jersey ? Est-ce par souci de discrétion ? Pour une raison fiscale ? Le terrain et la maison sont-ils bien pris en compte dans le patrimoine fiscal de Bernard Arnault ?
Les Paradise Papers mettent aussi en évidence un autre montage offshore utilisé par Bernard Arnault pour détenir des biens privés. Il s’agit cette fois de son yacht, le Symphony, un bateau de 101 mètres de long estimé à plus de 130 millions d’euros et acheté neuf en 2015.
Le navire détenu par une société maltaise au nom musical, Sonata Yachting Limited, navigue sous pavillon des îles Caïman. Le choix de Malte pour implanter la société n’est pas anodin.
Une exploitation astucieuse de la législation permet de ne payer que 5,4 % de TVA (sur le montant du bateau). L’ingénierie fiscale et le montage du dossier a été assurée par un cabinet de Guernesey, autre place offshore bien connue.
Selon les journalistes du Monde, le yacht est suréquipé : sauna, piscine, héliport. Un site de suivi du trafic maritime localisait début novembre le bateau à Barcelone, et entre Monaco et Nice en septembre.
Avant le Symphony, le très mélomane Bernard Arnault était le bénéficiaire de l’Amadeus, autre yacht battant déjà pavillon des îles Caïman, mais détenu cette fois via l’île de Man, au large des côtes de la Manche. La société Symphony Yachting limited, qui le détenait, a été dissoute en 2011.
Notons au passage qu’au moment où le gouvernement réforme l’ISF en prévoyant de maintenir un impôt sur la fortune mobilière incluant donc la propriété de yachts… M. Arnault n’étant pas propriétaire direct de son navire, il pourrait donc en toute légalité y échapper.
Encore plus drôle, des plongeurs démineurs de la Marine nationale ont souvent aidé Bernard Arnault à trouver un nouveau point de mouillage à son yacht, le Symphony. Il a régulièrement bénéficié d’un traitement de faveur de la part des autorités militaires.
Cette opération est normalement effectuée par des plongeurs privés et financée par les propriétaires des bateaux. Ce ne doit pas être à l’État et donc indirectement aux français de payer ce genre d’opération pour le compte des vacances du milliardaire.
De plus, tout les montages via des paradis fiscaux ne semblent pas être étrangers à Bernard Arnault. Le Monde indique que le milliardaire était déjà passé par un autre paradis fiscal pour des investissements : le Luxembourg.
En 2010, sa holding belge Pillinvest crée la holding luxembourgeoise Middleton et y injecte 160 millions d’euros. Six ans plus tard, les comptes de la société valorisent les participations financières de Bernard Arnault à 240 millions selon les décomptes du Monde. Soit une hausse de 50%.
Sollicité à l’époque par le journal Le Monde, M. Bernard Arnault avait refusé de commenter ces informations.
Il refusera aussi à coup sur de commenter les révélations post-Paradise Papers et post-Pandora Papers qui commencent à fuiter.