Pourquoi lui ?
Parce que, en résumé, Positif, c’est lui. Immense spécialiste du cinéma, la réédition augmentée de cette bible offre une analyse en profondeur à la Ciment du ciné américain du 20ème siècle. Et il est beaucoup plus facile d’analyser un cinéma d’auteur, libre, extravagant, que le ciné hollywoodien, encadré par des codes drastiques où l’expression du cinéaste doit jouer et feinter, comme celui du peintre de la Renaissance répondant aux commandes des seigneurs. Aller-retour incessant entre l’image et son auteur, entre une biographie et un pays, entre le monde et sa projection, entre le réel et son imaginaire. Tout est lié, tout se recoupe.
Où le lire ?
Au 18-20, rue Claude Tillier dans le XIIème à Paris
Incipit.
Si l’on entreprend un jour l’histoire des goûts et des modes au cinéma, on observera quelques constantes notables dans l’attitude de la critique « sérieuse » face aux films américains.
Le passage à retenir par cœur.
Wilder était donc à Rome le 2 juin 1982 et pour trois jours. il donne d’abord l’inévitable conférence de presse avec les question non moins inévitables : « Que pensez-vous de Rome ? », réponse : « Bellissima. La città eterna. Si on pouvait arrêter immédiatement cette conférence de presse, j’aimerais m’y promener et téléphoner aux filles dont j’ai les numéros. La première que j’ai voulu joindre hier, j’ai appris qu’elle était partie pour Los Angeles ! » Sur ses films : « En coupant dans les meilleurs d’entre eux, on pourrait obtenir un excellent film de quarante-six minutes. Quant à ce que je considère comme mon plus mauvais film, je ne le vous dirai pas. Pas plus que le nom de la femme qui m’a le plus déçu. » Sur l’état de Hollywood : « Un journaliste demande à deux enfants ce qu’ils veulent faire plus tard. « Cosmonaute », dit le petit garçon de neuf ans. « Directrice de la MGM », dit la petite fille de onze ans. Et le journaliste : « Est-ce que la Fox est au courant ? »». Sur le nouveau cinéma américain : il admire Spielberg et surtout Coppola, mais ce dernier ne doit pas se laisser distraire par l’ambition d’être un manager. Ce qui l’amuse, c’est leur cinéphilie : « Brian DePalma fait mourir une femme sous la douche dans Blow Out. On dit que c’est un hommage à Hitchcock. Si je le faisais, on me traiterait de voleur. Cela vous paraît-il juste ? » Sur les prix à Cannes : « On compare des citrons et oranges. ce qu’il faudrait, ce serait donner à quinze réalisateurs le scénario d’Apocalypse Now et comparer les résultats. »
À qui l’offrir ?
À Laurent Weil. Apprendre des choses sur le ciné ne peut pas lui faire de mal.
Les conquérants d’un nouveau monde, essai sur le cinéma hollywoodien, Michel Ciment, éd. Folio, 529p., 9€