C’était la réponse du berger à la bergère. En riposte aux sanctions et à une mesure similaire de l’Union européenne après l’annexion de la Crimée par la Russie, 89 noms, dont ceux d’anciens chefs de gouvernement, de hauts responsables de la défense et de parlementaires, détracteurs de la politique de la Russie, figurent sur une liste noire que Moscou a transmise en 2015 à des ambassades. Résultat, ces personnalités européennes ne peuvent pas mettre le pied en Russie.
« Ça aurait été triste que Poutine me considère comme son ami »
Parmi elles, figureraient les noms de l’ancien eurodéputé écologiste franco-allemand Daniel Cohn-Bendit selon Bild, mais aussi celui de Bernard-Henri Lévy d’après Reuters. « Je trouve ça très drôle, a déclaré, à Reuters, Daniel Cohn-Bendit qui critique régulièrement le Krémlin. Ça correspond au régime poutinesque, ça aurait été vraiment triste que Poutine me considère comme son ami ».
Deux autres Français seraient visés par Moscou dont le patron des députés PS, Bruno Leroux.
Il y avait aussi, selon différentes sources, les noms d’hommes et de femmes politiques polonais, suédois, allemands, tchèques, néerlandais, finlandais et belges, dont le président du groupe libéral au Parlement européen et ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt et l’ex-président du Parlement européen et ancien chef du gouvernement polonais Jerzy Buzek. Idem pour le président du Sénat polonais, l’ancien opposant Bogdan Borusewicz.
« Une mesure arbitraire et injustifiée »
Certaines de ces personnalités jugent que tout cela est une preuve de l’efficacité de leur action en faveur de l’Ukraine. « Etre sur cette liste ne change pas mon engagement envers le peuple de l’Ukraine », avait ainsi écrit sur son compte Twitter l’eurodéputée suédoise Anna Maria Corazza Bildt, connue pour ses critiques à l’encontre du président russe.
« Nous n’avons aucune information sur la base légale, les critères (retenus) et le processus (qui a conduit à la prise) de cette décision », a réagi samedi un porte-parole de la diplomatie européenne. « Nous considérons cette mesure comme étant totalement arbitraire et injustifiée, surtout en l’absence de clarification ultérieure et de transparence », avait-t-il ajouté, dans un communiqué. Un point de vue que partage le ministère britannique des Affaires étrangères pour lequel, avait dit un porte-parole, « cette liste n’a absolument aucune justification et les autorités russes n’ont aucune base juridique pour la légitimer ».
« La moindre des choses aurait été que l’on fasse connaître aux personnes concernées les réserves qui les concernent réellement, ou au moins que l’on rende ces listes publiques », s’était de son côté indigné le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.