Mardi, les professionnels du cinéma ont réclamé l’instauration d’États généraux du cinéma. L’industrie française cinématographique est en alerte depuis que le CNC a donné d’alarmants chiffres pour la fréquentation des cinémas au mois de septembre : les salles françaises ont fait 7,38 millions d’entrées. C’est moins que l’année dernière (9,31 millions), mais c’est surtout beaucoup moins que les années précédentes.
Là où d’autres activités, comme le tourisme, ont retrouvé leur niveau normal d’avant la crise Covid, le cinéma peine à reprendre des couleurs. Par rapport à 2019, la baisse du mois de septembre est de plus d’un tiers. Alors que depuis 2014, le marché du cinéma repartait à la hausse, le niveau de fréquentation n’a toujours pas été retrouvé.
Si l’on regarde plus globalement les entrées, mois par mois, depuis dix ans, on ne peut que constater que le Covid a mis fin à une dynamique qui faisait repartir à la hausse les entrées : depuis 2014, après une phase de baisse, on pouvait constater une lente remontée du niveau des entrées, qui a atteint un point culminant en 2019, avec plus de 213 millions d’entrées dans les salles françaises. La crise du Covid a cassé cette dynamique, et malgré une relance assez forte sur les derniers mois de l’année 2021, le niveau s’est à nouveau affaissé en 2022.
Cause ou conséquence de cette dégringolade : le marché du cinéma connait beaucoup moins de grands succès. En 2019, cent films avaient dépassé les 500 000 entrées en salles – et depuis 2012, chaque année, on connaissait entre 90 et 100 films qui atteignaient ce score. L’année 2019 avait été marquée par un record : cinq films avaient fait plus de cinq millions d’entrées (dont quatre productions Disney : Le Roi Lion, La Reine des Neiges 2, Avengers : Endgame et l’ultime Star Wars, ainsi que Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon dieu ?).
Il faut cumuler les scores de 2020, 2021 et le début de 2022 pour égaler ce score. Les deux dernières années, marquées par la fermeture des salles, ont enregistré chacune une quarantaine de films à plus de 500 000 entrées, et un seul film à plus de cinq millions en deux ans (Spider man : no way home).
En revanche, l’équilibre reste relativement stable entre la part de marché des films français et des films américains : selon les années, la balance penche plus d’un côté ou de l’autre, mais à part en 2019, où on compte vingt points de différence entre les films français et les films américains, l’équilibre est plus stable ces deux dernières années. Avec toutefois un fait notable : à l’heure actuelle, l’année 2022 est la première depuis dix ans où plus de 20% de la part de marché va à des films ni français, ni américains.